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Enrico Letta réussit à former un gouvernement de coalition

Le président du Conseil désigné a annoncé, samedi, la formation d'un gouvernement italien, qui rassemble tous les bords politiques, et dont le numéro deux est un proche de Berlusconi. La prestation de serment a lieu ce dimanche.

Après deux mois d'impasse, un nouveau gouvernement est enfin né en Italie. De dirigeants de la gauche au dauphin de Silvio Berlusconi, en passant par un ex-préfet centriste et une militante féministe du Parti radical : le nouveau gouvernement italien, qui compte 21 membres dont sept femmes, rassemble des personnalités de tous bords politiques.

Un choix audacieux et risqué

Une hétérogénéité qui laisse planer quelques interrogations sur la "plus grande cohésion" souhaitée par le chef de l'État.

Voici quelques-unes des principales personnalités de ce nouveau gouvernement :

- Enrico Letta, président du Conseil désigné, était jusqu'ici numéro deux du Parti démocrate

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Annonce officielle de la formation d'un nouveau gouvernement d'Enrico Letta
Enrico Letta réussit à former un gouvernement de coalition

(PD), parti de gauche qui n'a eu de cesse d'attaquer son pire ennemi, l'ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi. À 46 ans, c'est l'un des plus jeunes dirigeants de l'Union européenne. Ancien démocrate chrétien, catholique modéré, il a déjà occupé plusieurs postes ministériels

- Angelino Alfano, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, 43 ans, est un fidèle d'entre les fidèles de Silvio Berlusoni, qui en a fait son dauphin en le nommant secrétaire de son parti, le Peuple de la Liberté (PDL). Cet avocat spécialisé en droit des affaires a été ministre de la Justice du gouvernement Silvio Berlusconi de 2008 à 2011.

À ce titre, il est à l'origine de la Loi Alfano approuvée le 22 juillet 2008 qui accorde une immunité pénale aux titulaires des quatre postes politiques les plus importants (président de la République, président du Sénat, président de la Chambre des députés et président du Conseil) pendant leur mandat. Cette loi, qui protégeait son mentor des procès à son encontre, fut ensuite abrogée en octobre 2009, car jugée anticonstitutionnelle.

- Fabrizio Saccomanni, ministre de l'Économie et des Finances, 70 ans, directeur général de la Banque d'Italie depuis 2006. Il a concentré son attention sur le chômage et le travail précaire des jeunes ainsi que sur les problèmes du marché du travail. Dans le passé, il a participé aux négociations pour la création de l'euro et a contribué a gérer le passage délicat de la lire à l'euro. Plus récemment, il a dénoncé les craintes, pour lui exagérées, selon lesquelles le fardeau de la dette italienne pourrait conduire un éclatement de la zone euro et a accusé les agences de notation d'outrepasser leur rôle en alimentant inutilement les angoisses des marchés.

De 2003 à 2006, cet économiste a été vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), où il s'est notamment occupé de gestion des risques, de sécurité nucléaire et de protection de l'environnement.

- Emma Bonino, ministre des Affaires étrangères, 65 ans, est une féministe convaincue, ancienne députée du Parti radical italien, un petit mouvement libéral et contestataire italien. Emprisonnée trois semaines en 1975 pour sa lutte en faveur du droit à l'avortement, cette femme est de tous les combats de société pour la légalisation du divorce, le droit à l'objection de conscience, l'abolition de la peine de mort ou la dépénalisation des drogues douces comme la marijuana.

Ancienne commissaire européenne chargée de l'aide humanitaire, elle assiste impuissante à la chute de Srebenica en Bosnie, "un souvenir atroce", dit-elle, alerte l'opinion sur les réfugiés rwandais, avec un franc-parler qui plaît à la jeunesse italienne lassée des partis politiques traditionnels.

- Anna Maria Cancellieri, ministre de la Justice, 69 ans, était la ministre de l'Intérieur du gouvernement de Mario Monti, qui l'avait appelée à ce poste alors qu'elle était à la retraite. Ancien préfet, elle est connue pour ses batailles contre la criminalité, les infiltrations mafieuses et son intransigeance face à la corruption ou la faillite des finances locales.

En 2010, elle est nommée "commissaire extraordinaire", une sorte de maire par intérim, une première fois à Bologne, dans le centre-nord de l'Italie, et une deuxième à Parme (nord) en 2011, à la suite de divers scandales qui avaient touché ces deux villes de l'Émilie-Romagne.

À Bologne, où elle a été baptisée "la dame de fer avec un gant de velours", son travail a été tellement apprécié que la gauche et la droite pensent à elle pour une candidature au poste de maire. Mais elle rejette toutes les offres. "Maire ? Jamais. Et jamais en politique. Je suis un fonctionnaire de l'État", avait-elle commenté à l'époque.


Avec dépêches