
Un tribunal d'Istanbul a annulé la condamnation à 10 mois de prison avec sursis du pianiste turc Fazil Say, jugé pour insultes envers l'islam. Un nouveau procès devra trancher ultérieurement sur le fond de l'affaire.
Un tribunal d’Istanbul a annulé la peine de prison prononcée à l’encontre du pianiste turc Fazil Say le 15 avril dernier, d'après l'agence de presse Anatolie.
Le tribunal avait condamné le pianiste à dix mois de prison avec sursis, peine qui serait suspendue si, dans les cinq années à venir, le pianiste âgé de 43 ans ne proférait pas de nouvelles "insultes [contre les] valeurs religieuses d'une partie de la population". Saisie en appel par les avocats du pianiste, la 28e Cour criminelle d’Istanbul a estimé, ce vendredi, que la décision du précédent tribunal souffrait de vices de procédure sur les conditions de cette période probatoire et a prononcé l'annulation de la peine.
Cette décision judiciaire ouvre la voie à un nouveau procès au cours duquel l’affaire sera à nouveau tranchée sur le fond.
Malaise en Turquie
Fazil Say est poursuivi à la suite d'une plainte déposée par trois citoyens turcs pour avoir repris sur Twitter des vers du poète persan du XIe siècle Omar Khayyam - réputé pour son épicurisme bien éloigné des dogmes de l’islam rigoriste - et pour avoir raillé un imam lors de son appel à la prière à Istanbul.
Il s'était ému de sa condamnation, y voyant une dérive du pouvoir islamiste en Turquie. "Davantage que pour ma personne, cette condamnation, alors que je n'ai commis aucun crime, est inquiétante pour la liberté de convictions et d'expression en Turquie", a-t-il notamment déclaré à l'issue de son procès, le 15 avril.
Le vice-Premier ministre du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir en Turquie depuis 2002, Bülent Arinç, avait approuvé le jugement, estimant que "si vous insultez les croyances des autres, cela requiert une sanction pénale".
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