Alors que les résultats financiers d’Apple - qui seront dévoilés mardi - s'annoncent décevants, le PDG Tim Cook est de plus en plus contesté. À tel point que certains évoquent même un changement à la tête du groupe.
Les jours de Tim Cook à la tête d’Apple sont-ils comptés ? C’est la question qui agite le Landernau technologique ces derniers jours alors que le groupe doit dévoiler, mardi 23 avril, ses résultats financiers trimestriels. En cause : la spectaculaire chute en Bourse de la marque à la pomme. L’action Apple a en effet perdu 40% de sa valeur en huit mois. Elle vaut moins de 400 euros aujourd’hui, alors qu’elle avait culminé à plus de 700 euros en septembre 2012.
Cette dégringolade signifie que sa valeur boursière a perdu près de 280 milliards de dollars à Wall Street sur cette période. “C’est comme si tous les habitants des États-Unis avaient jeté environ 1 000 dollars aux toilettes”, s’est amusé à calculer sur le blog financier Seeking Alpha un actionnaire d'Apple, Bill Shamplin, se trompant néanmoins de quelques centaines millions de dollars.
Après avoir regardé sombrer pendant quelques mois l’action qui avait longtemps dominée Wall Street, les actionnaires semblent dorénavant chercher un responsable. Le magazine économique "Forbes" affirme qu’une réflexion est en cours au sein du conseil d’administration d’Apple pour trouver qui pourrait succéder à Tim Cook, le dauphin que le charismatique fondateur du groupe, Steve Jobs, avait désigné avant sa mort.
Retards de livraison
Le courroux des actionnaires n’est pas dirigé contre Tim Cook seulement parce qu’il est tout en haut de la hiérarchie "applesque". Il semble que les marchés réagissent mal aux déclarations de celui qui, depuis un an et demi, assume le difficile héritage de Steve Jobs. Les six dernières prises de parole publiques de l’actuel PDG d’Apple - de la présentation de l’iPad Mini en octobre 2012 à la conférence annuelle des actionnaires en février 2013 - ont été suivies par une chute de l’action en Bourse, a ainsi relevé le "Huffington Post" le 28 février 2013. La communication à la Tim Cook n’a pas la même saveur, aux yeux des investisseurs, que celle de Steve Jobs.
Des problèmes de retards de livraison ont aussi terni les ventes lors des fêtes de fin d’année. Un problème “d’autant plus inexcusable que Tim Cook a toujours été présenté comme un expert de la chaîne de production”, souligne Bill Shamplin.
Les investisseurs regrettent aussi que Tim Cook ait décidé de lancer toute une série de nouveaux produits en octobre dernier. Le groupe, qui a ainsi dévoilé tout son jeu d’un coup, s’est privé de l’opportunité de distiller des annonces à même de calmer les craintes des marchés financiers sur sa capacité à se renouveler. Le silence des dirigeants d’Apple ces derniers mois a laissé le champ libre à ses concurrents et surtout à Samsung pour occuper le devant de la scène médiatique, renforçant le sentiment que l’innovation avait changé de camp.
Roi des profits
Paradoxe de la situation : si le règne de Tim Cook est de plus en plus critiqué, le groupe Apple continue, lui, de jouir de la confiance des analystes financiers. Quarante-cinq des 58 courtiers interrogés par Reuters fin mars continuent à conseiller d’acheter des actions du géant américain. Ils rappellent que malgré la mauvaise passe boursière actuelle, Apple demeure l’entreprise qui génère le plus de profits au monde. La société devrait, en outre, faire une annonce dans les semaines à venir - probablement en juin-, ce qui a généralement pour effet de relancer le cours de l’action à la hausse.
Mais avant un éventuel nouvel iPad ou tout autre produit à même de “révolutionner” le paysage technologique, Tim Cook va devoir prendre la parole lors de la présentation des résultats trimestriels. Ils s’annoncent mauvais : d’après les analystes, le groupe devrait faire état d’une croissance de son chiffre d’affaires de seulement 8 %, bien en-deçà de ce à quoi Apple est habitué. L’actuel PDG va-t-il réussir à faire passer la pilule aux actionnaires et investisseurs et ainsi éviter un nouveau décrochage en Bourse ? “Pour l’instant, les marchés financiers font savoir qu’ils ne comprennent pas dans quelle direction Tim Cook emmène Apple et ce dont ils ont besoin est que le dirigeant démontre une réelle vision d’avenir pour son groupe”, assure Bill Shamplin.