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Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, qu'un différend opposait à Mahmoud Abbas, a présenté sa démission, samedi. Le président palestinien, qui l'a acceptée, a chargé Fayyad de rester en poste jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet.

Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, qu'un sérieux désaccord opposait au président Mahmoud Abbas, a présenté samedi soir sa démission, qui a été acceptée par le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a annoncé l'agence de presse officielle palestinienne WAFA.

"Fayyad a rencontré Abbas pendant une demi-heure à la Mouqata'a [le siège de la présidence palestinienne à Ramallah, NDLR] et lui a officiellement remis sa lettre de démission", a déclaré à l'AFP un haut responsable, sous couvert de l'anonymat.

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Portrait de Salam Fayyad
Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad démissionne

Mahmoud Abbas l'a cependant chargé de rester à la tête du gouvernement en attendant la formation d'un nouveau cabinet, a précisé à l'AFP un conseiller du président palestinien sous couvert d'anonymat.

Bras de fer entre le Fatah et Fayyad

Fayyad, âgé de 61 ans et indépendant, avait déjà fait part de son intention de jeter l'éponge, usé par cinq années passées à tenter de donner naissance à un État de Palestine souverain et viable.  "S'il n'a pas à rougir de son bilan, il était devenu assez impopulaire auprès de la population", explique Caroline Delage, la correspondante de I-Télé pour FRANCE 24. "Les Palestiniens lui reprochaient surtout la mauvaise situation économique du pays, son taux de chômage record (...) sans compter que sa relation avec le président était on ne peut plus mauvaise", ajoute la journaliste.

Le différend entre Abbas et Fayyad porte sur la démission, sans explication officielle, du ministre des Finances Nabil Qassis, le 2 mars dernier. Si cette démission avait été acceptée par le Premier ministre, elle a été refusée par le président. Avant la nomination de Qassis en mai 2012, le portefeuille des Finances était détenu par Fayyad, parallèlement à ses fonctions de chef du gouvernement.

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L'analyse du politologue Khattar Abou Diab

La semaine dernière, le Conseil révolutionnaire du mouvement nationaliste Fatah - auquel appartient Mahmoud Abbas - avait fustigé avec virulence la politique du gouvernement de Fayyad "empreinte d'improvisation et de confusion sur de nombreux sujets financiers et économiques".

Le mouvement islamiste Hamas a déclaré de son côté que le Fatah devait assumer les répercussions de cette démission : "Fayyad quitte le gouvernement après avoir criblé notre peuple de dettes, et le Fatah doit en assumer la responsabilité parce que c'est lui qui a imposé [Fayyad] depuis le début", a expliqué à l'AFP un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri.

"Ingérence" de Washington

Vendredi soir, le secrétaire d'État américain John Kerry avait tenté de désamorcer la crise interne en contactant par téléphone Abbas pour l'enjoindre de régler la crise avec son Premier ministre, selon des sources officielles palestiniennes.

Washington avait indiqué jeudi que Fayyad, "qui était l'homme des États-Unis", selon Caroline Delage, ne démissionnerait pas - une déclaration qui avait été dénoncée comme une "ingérence" par des dirigeants du Fatah.

Pour les États-Unis, la démission de Fayyad risque de compromettre l'entente avec les responsables israéliens et palestiniens annoncée cette semaine par John Kerry pour "promouvoir le développement économique en Cisjordanie" occupée.

Avec dépêches