
Le président Mohamed Morsi a élevé trois officiers au grade de général pour montrer son soutien à l'armée alors que la presse révèle que celle-ci a commis de graves abus - tortures, disparitions, meurtres de civils - lors de la révolution.
Le président égyptien Mohamed Morsi a promu jeudi 11 avril plusieurs officiers égyptiens de haut rang et dénoncé une campagne de calomnie contre l'armée après des révélations d'un journal britannique et de la presse égyptienne sur les violences dont elle se serait rendue coupable pendant la "révolution du Nil".
Un porte-parole de Mohamed Morsi a ainsi déclaré dans un communiqué que trois généraux de division ont été promus au grade de général de corps d'armée lors d'une réunion du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui était au pouvoir pendant la période qui a suivi l'éviction de Hosni Moubarak jusqu'à l'élection de Mohamed Morsi en juin.
Le président égyptien a convoqué cette réunion "afin d'apaiser la situation et dissiper les tensions qui règnent dans l'armée, consécutives à une campagne diffamatoire et aux attaques de la part de certains politiciens", a indiqué l'agence officielle égyptienne Mena.
Un rapport enterré
Selon le "Guardian", Mohamed Morsi a enterré depuis janvier un rapport confidentiel d'une commission d'enquête qui recommandait l'ouverture de poursuites judiciaires contre les militaires responsables d'abus sous la présidence de Hosni Moubarak.
Dans le même article, le rapport a établi que des officiers de l'armée avaient été
impliqués dans des actes de torture, des disparitions et des meurtres de civils pendant les dix-huit jours du soulèvement contre Hosni Moubarak en janvier-février 2011. Des accusations déjà formulées par les opposants et les organisations des droits de l'Homme.
L'armée est un acteur capital dans le jeu politique en Égypte depuis 60 ans. La chute de Hosni Moubarak en février 2011 avait amené le Conseil suprême des forces armées, dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, à prendre les rênes du pays jusqu'à l'investiture de Mohamed Morsi fin juin 2012.
Restée plus au moins discrète depuis l'accession de Mohamed Morsi au pouvoir, elle s'était manifestée en décembre dernier pour appeler au dialogue et rappeler son rôle de garante de la stabilité du pays, lors d'une vive crise liée à l'adoption d'un projet de Constitution controversé.
Après une vague de troubles fin janvier, l'armée avait mis en garde contre un "effondrement de l'État" appelant "toutes les forces politiques" à trouver une issue aux "problèmes politiques, économiques, sociaux et de sécurité" au pays.
FRANCE 24 avec dépêches