Le président français a annoncé des mesures visant à moraliser la vie publique. Parmi elles, la création d'un parquet financier et d'une Haute autorité indépendante pour contrôler le patrimoine et les intérêts des ministres et des grands élus.
"L’affaire Cahuzac appelle des réponses fortes que les Français exigent", a déclaré, mercredi 10 avril, François Hollande à l’issue du conseil des ministres. Huit jours après le choc provoqué par les aveux de l'ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, sur la détention d'un compte en Suisse, c’est bien la fermeté que le gouvernement veut afficher en mettant sur les rails un projet de loi de "moralisation de la vie publique".
L’une des dispositions phares est l’instauration d’un parquet financier avec compétence nationale pour renforcer la lutte contre la grande délinquance économique et financière. "J'ai décidé la création d'un parquet financier, c'est-à-dire d'un procureur spécialisé, avec une compétence nationale, qui pourra agir sur les affaires de corruption et de grandes fraudes fiscales", a annoncé François Hollande.
itSoulignant que "la transparence permet le respect, le chef de l’État a également annoncé que les règles qui régissent le patrimoine des responsables publics seront "entièrement revues".
Comme une réponse aux diverses critiques des derniers jours sera créée une Haute autorité "totalement indépendante qui "contrôlera les déclarations de patrimoine et d'intérêts des ministres, parlementaires, grands élus". Cette autorité étudiera de manière approfondie la situation de chaque ministre avant et après sa nomination", a-t-il ajouté. À l’annonce de ce projet, de nombreuses voix s’étaient élevées dans la classe politique émettant notamment des doutes sur les mécanismes de vérification des déclarations des élus. Il sera en outre désormais interdit aux parlementaires de cumuler leur fonction de député avec certaines professions, dans le but d’éviter tout conflit d’intérêts.
"Je demande aux Français […] de ne pas vouloir s’acharner sur leurs élus"
Avec ce projet, le gouvernement espère ainsi mettre un terme à cette séquence désastreuse. "La défaillance d'un homme ne doit pas jeter le discrédit, le soupçon sur les élus qui se dévouent pour le bien public sans en retirer le moindre avantage", a ainsi estimé le président avant de détailler certaines mesures.
"Ce que je demande aux Français, et ils en sont eux-mêmes conscients, a-t-il ajouté un peu plus tard, ce n'est pas de vouloir s'acharner sur leurs élus. Ces élus se dévouent pour la République, passent beaucoup de temps, sacrifient leur vie", a déclaré François Hollande.
Il a par ailleurs estimé que Jérôme Cahuzac qui a menti devant l'Assemblée nationale, ne pouvait en conscience redevenir député.
it"Éradiquer les paradis fiscaux en Europe et dans le monde"
Autre front ouvert par le gouvernement, la lutte contre les paradis fiscaux, dont l'ancien président Nicolas Sarkozy avait proclamé la disparition en 2009. "Il faut éradiquer les paradis fiscaux en Europe et dans le monde", a martelé François Hollande. Le Luxembourg voisin n’y est pas nécessairement réticent. Le Grand Duché s'est en effet dit prêt à réduire partiellement son secret bancaire. Paris milite, en outre, pour la mise en place au niveau européen d'échanges automatiques d'informations bancaires.
Le dispositif ne devrait pas encore être finalisé mercredi. Le lendemain, le chef du gouvernement doit consulter à Matignon les présidents des deux Chambres ainsi que les chefs de file des groupes parlementaires. Le texte final pourrait être examiné au conseil des ministres du 24 avril.
Avec dépêches