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Jérôme Cahuzac aurait tenté de placer 15 millions en Suisse

Selon la télévision publique suisse, l'ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac aurait tenté de confier non pas 600 000 euros, comme indiqués lors de ses aveux, mais 15 millions d’euros, en 2009, à un établissement genevois de gestion.

Nouvelle évolution dans l’affaire Jérôme Cahuzac. Selon des informations révélées dimanche 7 avril par la télévision publique suisse (RTS), l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac a cherché à placer 15 millions d'euros en Suisse il y a quatre ans. Un chiffre déjà avancé par Edwy Plenel, le co-fondateur de Médiapart, selon des sources du site d'investigation qui avait révélé l'affaire "Il aurait tenté de placer cet argent dans un établissement de gestion financière à Genève en 2009 mais celui-ci aurait refusé par crainte de complications ultérieures, Jérôme Cahuzac étant une personnalité exposée politiquement, selon des informations bancaires recueillies par la rédaction de la RTS", écrit la chaîne sur son site.

60 % des Français favorables à un remaniement du gouvernement

Une majorité de Français (60%) est favorable à un remaniement du gouvernement après le séisme de l'affaire Cahuzac, selon un sondage paru dans "Le Journal du Dimanche" (JDD).

A la question "Après l'affaire Cahuzac, seriez-vous favorable ou pas favorable à un remaniement prochain du gouvernement ?", 29% sont "tout à fait favorable" et 31% "plutôt favorable". Le total de sondés qui ne sont pas favorable à un remaniement est de 40%.
 

S’ils venaient à se confirmer, ces 15 millions d’euros indiqueraient que des sommes plus importantes ont déjà pu, il y a quelques années, être déposées ou transférées par Genève. Pour l’heure, le montant actuel connu par la justice reste les 600 000 euros dont Jérôme Cahuzac a fait état lors de ses aveux le 2 avril. Une somme que le procureur genevois Yves Bertossa a corroboré, documentation saisie à l’appui.

Certificat fiscal falsifié

Samedi 6 avril, c’est un autre média helvète qui a révélé des informations accablantes. D’après le quotidien zurichois "Tages Anzeiger", l’ancien ministre du Budget a "menti" à la banque suisse Julius Baer en fournissant un "certificat fiscal falsifié" afin de pouvoir transférer son argent sur un compte à Singapour.

Selon des recherches effectuées par le journal, Jérôme Cahuzac a en effet répondu à la demande de la banque suisse, qui réclamait un document certifiant que les fonds avaient bien été déclarés au fisc compétent, en présentant un faux certificat. Il a également assuré que ses 600 000 euros provenaient de son activité de chirurgien esthétique, ajoute le quotidien, citant ses propres sources. Julius Baer a par la suite autorisé l'opération de transfert de fonds.

Situation dangereuse

Détenteur d’un compte bancaire à l’UBS de Genève depuis 1992, Jérôme Cahuzac avait estimé en 2009 que la situation devenait trop dangereuse, après que la Suisse s'est déclarée prête à accorder l'aide judiciaire en cas d'évasion fiscale. Il a donc demandé à l'intermédiaire financier Reyl & Cie de transférer son compte "omnibus" - un compte comprenant les fonds de plusieurs clients - à Singapour auprès de la filiale de la banque Julius Baer.

La banque avait réagi avec prudence, écrit le journal, réclamant à Reyl & Cie, bien que rien ne l'y obligeait, un formulaire appelé "formulaire A", qui fait apparaître le nom du détenteur des fonds.

Annonce de mesures choc imminente

Du côté de l’exécutif français, on s’active pour offrir au plus vite une réponse à la saga Cahuzac. "Je prépare sous l'autorité du président de la République des mesures sévères pour garantir la transparence, le respect de la loi et la probité", a déclaré Jean-Marc Ayrault dans une interview à paraître lundi dans "La Nouvelle République du Centre-Ouest". "La fin du cumul des mandats, la transparence totale sur les patrimoines, la traque des conflits d'intérêts, la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux. Nous ferons tout ceci", assure-t-il.

"L'idée c'est de sortir un texte de loi très fort pour juguler" la crise provoquée par cette affaire, affirmait dimanche l'Élysée indiquant sans plus de précisions que "plusieurs pistes sont à l'étude".

"On n'est pas en cellule de crise du matin au soir" mais "le président est déterminé à ce que des mesures radicales soient prises rapidement", a précisé un conseiller du chef de l'État.

FRANCE 24 avec dépêches