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Selon l’envoyé spécial de RFI en Centrafrique, le nombre de Sud-Africains tués pendant la prise de Bangui dépasserait largement les 13 morts officiels. Les raisons de la présence sud-africaine dans le pays apparaissent en outre bien floues.
Lors du coup d’État des rebelles de la Séléka à Bangui, les 23 et 24 mars derniers, les autorités sud-africaines ont annoncé la mort de treize de leurs soldats. Officiellement, ils se trouvaient dans le pays pour former l’armée centrafricaine. Mais moins de deux semaines après la chute du régime Bozizé, de sérieux doutes apparaissent sur le nombre de Sud-Africains tués lors de l’offensive ainsi que sur les raisons de leur présence dans le pays.
"Le général Arda Hakouma, le chef d’état-major chargé des opérations de la Séléka avec lequel je me suis longuement entretenu, est catégorique", rapporte Cyril Bensimon, envoyé spécial de RFI en République centrafricaine. "Il assure que dans les combats du samedi 23 mars entre la ville de Damara et la capitale, il a constaté non pas 13 mais 36 soldats sud-africains morts".
Le contingent sud-africain a été pris en étau entre deux groupes de la Séléka, raconte le journaliste. L’un descendait vers Bangui, l’autre remontait ver le nord après "une manœuvre de contournement". Les soldats sud-africains se sont retrouvés sous les feux croisés de la Séléka. "D’après nos informations, François Bozizé, qui se trouvait sur place, s’est échappé de justesse", ajoute Cyril Bensimon.
Business sud-africain ?
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"Selon une autre source, le bilan des pertes sud-africaines est même supérieur à 36 morts, poursuit le reporter. Cet interlocuteur, qui souhaite conserver l’anonymat et qui se trouvait, lundi 25 mars – au lendemain de la prise de Bangui – à la base militaire française, assure avoir vu plus de 50 sacs mortuaires prêts à être embarqués dans un Hercule C 10 envoyé par Pretoria. Dans le même temps, d’autres cadavres de soldats sud-africains continuaient à arriver". Selon Cyril Bensimon, d’autres sources militaires et diplomatiques ont confirmé que les pertes sud-africaines dépassaient les 40 morts.
Quels intérêts auraient pu inciter Pretoria à défendre le régime de Bozizé puis à minimiser ses pertes? La question reste en suspend, alors que les autorités sud-africaines viennent de rendre publique leur décision de retirer toutes leurs troupes de Centrafrique. RFI, sur son site internet, évoque plusieurs contrats miniers et pétroliers signés directement entre des sociétés sud-africaines et la présidence centrafricaine.
"Des sources gouvernementales et sécuritaires assurent que Pretoria se battait pour préserver des contrats miniers et pétroliers signés directement avec François Bozizé", rapporte encore Cyril Bensimon. "Un ministre affirme ainsi qu’une société du nom de Dig Oil, venue prospecter dans le domaine pétrolier, est – je cite – une ‘pompe à fric de l’ANC’ [Congrès national africain, le parti au pouvoir à Pretoria, NDLR] dont le neveu du président Zuma est actionnaire". Et le journaliste de conclure : "Si toutes ces affirmations sont confirmées, une crise politique paraît inévitable en Afrique du Sud."