La Croix-Rouge centrafricaine appelle les habitants de Bangui à venir identifier 78 cadavres ramassés par ses volontaires dans les rues de la capitale à la suite du coup d'État des rebelles de la Séléka, le 24 mars.
Le décompte morbide est terminé. Selon la Croix-Rouge, 78 corps ont été ramassés dans les rues de Bangui depuis le début de l’offensive victorieuse des rebelles de la Séléka sur la capitale centrafricaine.
"Jusqu'à ce jour, nos volontaires ont ramassé 78 corps qui ont été déposés dans les morgues. (...) Nous demandons à la population de se rendre dans ces formations sanitaires pour la reconnaissance des corps en vue de leur enlèvement pour une éventuelle inhumation", a déclaré à l'AFP l'un des responsables de la Croix-Rouge centrafricaine, Albert Yomba Eyamo.
"Tous ces corps ne disposent pas de pièces d'identité et nous souhaitons que la population fasse cet effort de reconnaissance parce que nos volontaires vont procéder très rapidement à l'inhumation de ces corps dans une fosse commune", a ajouté M. Eyamo.
La Croix-Rouge avait qualifié jeudi de "catastrophique" la situation des hôpitaux de Bangui, où "près de 200 blessés ont été admis (...) à la suite des affrontements", tandis qu'une quarantaine de personnes sont "toujours en attente d'une opération urgente. Comme l'ensemble de la ville, les hôpitaux manquent aujourd'hui d'eau courante, d'électricité en continu et bientôt de carburant".
Père de l'indépendance
Malgré ces conditions difficiles, la capitale centraficaine s’est efforcée de célébrer, vendredi, l'anniversaire du père fondateur de la Centrafrique indépendante, Barthélémy Boganda.
Quelque 300 personnes, dont le Premier ministre Nicolas Tiangaye, se sont réunies autour d'une fanfare pour célébrer l'éphémère premier président centrafricain, dont le mandat n'avait duré qu'un an entre 1958 et 1959, a constaté un journaliste de l'AFP.
it"D'habitude, il y a plus de monde, mais là les gens ne peuvent pas se déplacer et ont peur de bouger", assure une Banguissoise requérant l'anonymat, alors que la rébellion, qui a pris le pouvoir dimanche, est dans tous les esprits.
Le président Boganda, "c'est un symbole, il a beaucoup fait pour notre pays", assure le père Peter Banguima, un prêtre qui s'inquiète à présent de voir au pouvoir ceux qu'il appelle "les musulmans" de la coalition rebelle Séléka. "Même si il y a des musulmans au sein de la Séléka, la Centrafrique est un pays laïc et le restera", assure de son côté le premier adjoint au maire de Bangui, Téodore Kanda.
La capitale centrafricaine est calme, ce vendredi - férié dans le pays. Seuls quelques taxis circulent en ville. La vie économique et administrative devrait reprendre "mardi au plus tard", après le week-end de Pâques, a indiqué jeudi le porte-parole de la Séléka, Christophe Gazam Betty.
Avec dépêches