
Edith Windsor, une Américaine de 83 ans homosexuelle et veuve depuis 2009, mène un combat pour la légalisation du mariage gay. Elle est notamment à l'origine d'un recours devant la Cour suprême des États-Unis examiné cette semaine.
Si les gays américains obtiennent un jour le droit de se marier, ils pourront remercier cette veuve homosexuelle de 83 ans. Edith Windsor, dite "Edie", a porté son combat pour l’égalité devant la plus haute autorité judiciaire des États-Unis après avoir été forcée de débourser 363 000 dollars de droits de succession à la mort de son épouse, alors que son union était reconnue par l’État de New York.
"C’est intolérable d’avoir un système ou des couples sont mariés au niveau de la loi de l’État, sans être reconnus au niveau de la loi fédérale. En pratique, l'union de ces couples est traitée comme un mariage de seconde catégorie", déclarait en janvier à Buzzfeed son avocate, Roberta Kaplan.
Mercredi, le débat historique en cours à la Cour suprême semblait tourner en faveur des opposants à la loi de Défense du mariage (Doma), qui reconnaît uniquement les unions entre personnes de sexe opposé. En vertu de cette loi, datant de 1996, les couples homosexuels légalement mariés dans un des neuf États américains reconnaissant le mariage gay sont exclus du régime fiscal avantageux mis en place au niveau fédéral. La juge progressiste Ruth Bader Ginsburg a ainsi repris les arguments des activistes pro-mariage gay en estimant que la loi Doma créait deux sortes de mariage, le "mariage entier" et le "mariage au lait écrémé".
Mariage de seconde catégorie
Une sorte de "sous-mariage" qui fait outrage à l’histoire personnelle d’Edith Windsor. Cette dernière fait partie d’une génération qui a grandi dans les années d’après-guerre où l’homosexualité était complètement taboue. En 1951, la jeune Edith Schlain décide ainsi de se marier avec le meilleur ami de son frère, Saul Windsor, alors qu'elle termine ses études universitaires à Philadelphie. Rapidement, l'union tourne court. Ce n’est qu’après son divorce et son déménagement à New York, à la fin des années 1950, qu’Edith Windsor peut vivre ouvertement son homosexualité.
La veuve octogénaire se souvient aujourd’hui avec émotion du Portofino, un restaurant du quartier de Greenwich Village à New York où elle a rencontré Thea Spyer en 1963. Dans un documentaire consacrée à leur histoire, "Edie and Thea: a very long engagement", Edith Windsor se remémore les premiers baisers échangés avec l'unique grand amour de sa vie, les sorties et les danses endiablées jusqu’au bout de la nuit. Un train de vie glamour, financé grâce à son emploi chez IBM. En 1967, les deux femmes célèbrent leurs fiançailles symboliques ; elles vivront côte à côte pendant plus de quatre décennies.
Soudées face à la maladie
Mais ce sont surtout les difficultés rencontrées par le couple Windsor-Spyer qui ont été évoquées ce mercredi devant les juges de la Cour suprême. Après 13 ans de vie commune, une maladie dégénérative est diagnostiquée à Thea Spyer. Elle est atteinte d'une sclérose en plaques. D’année en année, la maladie la paralyse progressivement. Soudé dans l’adversité, le couple décide de se marier après avoir appris que Thea Spyer n’avait plus qu’une année à vivre.
"Le mariage en lui-même, vous savez, c’est un mot magique, […] ça veut dire amour, engagement et confiance – mais ça signifie plus encore quand on vous l’a toujours refusé", déclarait Edith Windsor à Buzzfeed en évoquant son mariage avec Thea Spyer, le 22 mai 2007 au Canada, où les unions homosexuelles sont légales depuis 2005.
La mort de Thea Spyer en février 2009 et le refus du gouvernement fédéral de reconnaître le mariage entre les deux femmes ont plongé Edith Windsor dans la tourmente. L'affront des 363 000 dollars de droits de succession exigés par l'État fédéral a incité l'octogénaire à prendre le flambeau de la cause homosexuelle devant les tribunaux de l’État de New York, où le mariage homosexuel est légal depuis 2011. Une bataille juridique jalonnée de succès – les tribunaux new-yorkais considèrent la loi Doma comme discriminatoire car fondée sur l’orientation sexuelle – qui a mené au recours historique "United States versus Windsor" devant la Cour suprême du pays. Pour la nouvelle égérie des pro-mariage gay, le rendez-vous est désormais fixé à la fin du mois de juin, lorsque les neuf "sages" de la Cour rendront leur verdict.