
Une réunion des ministres des Finances de la zone euro a été convoquée pour dimanche soir, signe que les négociations avec les autorités chypriotes sur un plan de sauvetage avancent.
Les délicates négociations avec les autorités chypriotes sur un plan de sauvetage pour éviter la banqueroute du pays semblent avoir avancé samedi, et une réunion des ministres des Finances de la zone euro a été convoquée pour dimanche soir.
Des centaines d'employés de banques ont manifesté samedi après-midi à Nicosie et menacé de se mettre en grève si les autorités chypriotes ne garantissaient pas leur avenir.
Parti du siège de l'Union chypriote des employés de banques (Etyk), le cortège s'est rendu devant le palais présidentiel puis devant le Parlement, avant de commencer à se disperser dans le calme, même si la colère était palpable.
"Si vous ne garantissez pas nos fonds de pension, nous nous mettrons en grève à partir de mardi", date prévue de la réouverture des banques fermées depuis le 17 mars, a lancé Loizos Hadgicostis, président d'Etyk. "Nous reviendrons manifester demain (dimanche) devant le Parlement et cette fois-ci ce ne seront pas seulement les employés de banques, mais tous les Chypriotes", a-t-il ajouté, pendant que la foule scandait "Honte au Parlement" et "Nous allons faire la grève".
"Les négociations portent désormais sur les points les plus difficiles et leur issue comporte encore beaucoup d'incertitudes", a expliqué une source. "Les chypriotes ont l'initiative politique, mais le plan devra être avalisé par leurs partenaires", a souligné une autre.
Chaque partie est sous pression : les Chypriotes parce que la BCE a menacé de couper les vivres aux banques lundi faute d'accord acceptable. Mais aussi la troïka des bailleurs de fonds, au premier rang desquels l'UE, accusée d'avoir entériné la semaine dernière un plan qui a replongé la zone euro dans la tourmente.
Une nouvelle tentative de trouver un accord aura lieu dimanche lors d'une réunion des ministres des Finances des l'Eurogroupe. Annoncée dès vendredi de différentes sources européennes, elle a été confirmée officiellement samedi par son président, Jeroen Dijsselbloem.
Cette convocation est un signe que les négociations avancent pour boucler le paquet de plusieurs milliards d'euros nécessaire à l'obtention d'un plan de sauvetage international de 10 milliards d'euros.
Sur la restructuration des banques chypriotes, devenu le principal volet du plan, on indiquait samedi de source européenne que le démantèlement de la banque Laiki, la deuxième du pays, était acquis.
Les négociations se poursuivaient, en revanche, sur le sort de la première banque de l'île, la Bank of Cyprus, symbole national que les dirigeants de l'île ne veulent pas voir disparaître, selon une source européenne. Mais cette restructuration est réclamée notamment par le Fonds monétaire international (FMI), qui considère que cette banque est "un problème majeur", a précisé cette source.
Concernant la taxe sur les dépôts bancaires, il était acquis qu'elle ne s'appliquerait pas aux dépôts inférieurs à 100.000 euros, comme il était prévu dans le plan initial la semaine dernière.
Mais le taux du prélèvement au delà de 100.000 euros n'était pas encore fixé. La question est aussi de savoir si elle ne frappera que les résidents ou aussi les non-résidents, qui sont surtout russes. Nicosie rechigne à frapper les non-résidents russes, mais plusieurs Etats de l'UE le réclament.
En fonction de la réponse qui sera apportée, son pourcentage oscillerait entre 1 et 5% pour un rapport d'environ 1 milliard d'euros, selon les estimations.
Autre nouveauté, compte tenu de la restructuration des banques, qui passera notamment par l'isolement des actifs de mauvaise qualité dans une "bad bank", le montant que devra fournir Chypre en échange du prêt pourrait être inférieur aux 5,8 milliards prévus initialement.
Le plan devrait être complété par une décote sur les actifs sains tirés des deux banques. Une fourchette entre 15 à 20% était évoquée samedi. L'opération frapperait les détenteurs de titres, mais pas les déposants. Elle avait été refusée par les autorités chypriotes la semaine dernière.
Les mesures sur la table des dirigeants chypriotes sont peu ou prou celles refusées par le président chypriote Nicos Anastasiades lors de la réunion de l'Eurogroupe la semaine dernière à Bruxelles.
Parallèlement à l'Eurogroupe, les dirigeants de l'UE ont prévu une réunion à haut niveau dimanche à Bruxelles avec le président Anastasiades, autour des présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy et de la Commission José Manuel Barroso, a-t-on appris de source européenne. Mais elle reste conditionnée au succès des négociations et n'a pas été confirmée.
AFP