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La sonde Voyager 1, aux confins du système solaire... voire au-delà

La sonde américaine Voyager 1 vient-elle de franchir la frontière qui sépare notre système solaire de l’espace interstellaire comme l'ont affirmé des chercheurs américains ? La Nasa est circonspecte...

Mais où est passé Voyager 1 ? Un pataquès scientifique, survenu mercredi 20 mars, a fait resurgir sur Terre l’ombre de cette sonde américaine qui explore l’espace depuis 35 ans. Pour l’Union américaine de géophysique (AGU), elle est devenue la première création humaine à traverser la frontière du système solaire. “On l’a fait ! Bon voyage”, concluait même son communiqué.

Pas du tout, a retorqué quelques heures plus tard la Nasa. “Il y a un consensus au sein de l’équipe Voyager de la Nasa pour assurer que la sonde n’est pas encore dans l’espace intergalactique”, assure l’agence spatiale américaine.

L’euphorie initiale était dûe a l’observation de changements importants dans l’environnement entourant Voyager 1. Modification du niveau de radiation, baisse de celui de certaines particules présentes dans le système solaire : autant d’éléments qui avaient poussé l’Union américaine de géophysique à crier victoire. Mais pour la Nasa, ces indices ne suffisent pas à établir de manière certaine que la sonde a franchi ce pas historique. Suite à la mise au point de l'agence spatiale américaine, l'AGU a changé son communiqué pour évoquer simplement "un débat dans les milieux scientifiques pour savoir si Voyager 1 est sorti ou non du système solaire".

“Il y a beaucoup d’incertitudes, ne serait-ce que parce que personne ne sait vraiment ce qu’il y a là-haut”, observe Denis Gillet, astrophysicien à l’Observatoire de Haute-Provence. L’un des principaux problèmes provient de la frontière elle-même : elle n’est pas fixe. “Elle est dynamique et change au gré des intéractions entre le flux de particules envoyé par le soleil et ceux envoyés par les étoiles”, souligne cet expert. C’est aussi une zone bien réelle qui mesure environ 90 millions de kilomètres, répondant à ces propres dynamiques astrophysiques, ce qui laisse largement le temps et l’espace pour se tromper. Sans compter que les capteurs de Voyager 1, qui a décollé de la Terre en 1977, ne sont plus tous opérationnels.

Course contre la montre

La Nasa avait déjà souligné, début décembre 2012, que la sonde avait un nez hors de notre système solaire quelque part dans cette frontière. Depuis lors, Voyager 1 emprunte ce que l’agence américaine a qualifié d’”autoroute magnétique”, une zone où les rayons cosmiques croisent les particules solaires. Les scientifiques de l’Union américaine de géophyisique ont oublié de prendre les spécificités de cette zone en compte dans leurs observations, assure la Nasa.

L’impatience du monde scientifique de voir Voyager 1 effectuer le grand saut dans l’inconnu se comprend. “Ce sera la première preuve concrète qu’il y a bien quelque chose au-delà de notre cocon de vie, au-delà de notre système solaire”, souligne Denis Gillet. Une confirmation qui ouvrira également, d’après lui, la porte à d’autres “mesures de terrain de Voyager 1 qui nous permettront de valider ou d’infirmer des théories sur lesquelles nous travaillons sans pouvoir avoir la certitude qu’elles sont exactes”.

Reste à savoir si la sonde américaine arrivera à passer la frontière en temps et en heure. Dans une dizaine d’années, en effet, les capteurs qui lui permettent d’envoyer des données sur Terre vont s’éteindre. Pas de problème pour Denis Gillet qui rappelle que la vitesse de croisière de Voyager 1 est de 60 000 km/h. La Nasa prévoit, quant à elle, que sa sonde devrait arriver dans l’espace interstellaire dans “quelques mois ou quelques années”.

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