Des milliers de personnes se sont rassemblées pacifiquement jeudi dans le centre de Ouargla (sud algérien) pour revendiquer leur droit au travail et réclamer la libération des chômeurs arrêtés en février pour avoir manifesté.
Jeudi 14 mars, des milliers de chômeurs se sont rassemblés sur la place de la mairie dans le centre de Ouargla (sud algérien) pour réclamer du travail et l'arrêt de poursuites judiciaires.
"Nous revendiquons le droit au travail et l'arrêt des poursuites judiciaires contre les chômeurs", a déclaré par téléphone à l’AFP le représentant de Ouargla au Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Abdelmalek Aibek.
Le chômage touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Selon les pouvoirs publics algériens et le FMI, 21,5 % des moins de 35 ans sont sans emploi, contre environ 10 % pour l'ensemble de la population.
Cette situation des jeunes s'avère encore plus difficile dans le Sud, du fait du faible développement de la région et de la concurrence de travailleurs venus du Nord, voire de l'étranger. Lundi, tentant d'apaiser la colère des jeunes chômeurs avant la manifestation, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a déjà annoncé que les entreprises du Sud devront recruter prioritairement des employés locaux. "Le recrutement d'une main-d'oeuvre hors wilayas (hors de la préfecture, ndlr) n'est autorisé que pour les postes n'ayant pas de profil correspondant localement", selon une instruction de M. Sellal concernant les wilayas du Sud, citée par l'agence APS.
Le site du quotidien "El Watan" publie d’ailleurs une vidéo dans laquelle on peut apprécier l’ampleur de la manifestation.
Le représentant du Comité national pour la défense des droits des chômeurs précise que les manifestants, "des chômeurs, mais aussi des syndicalistes et des défenseurs des droits de l'Homme (...) sont venus de plusieurs préfectures."
Pour Tarek Maméri, célèbre blogueur opposant et membre du CNDDC, "le rassemblement est un succès, c'est le premier succès de notre combat pour la dignité".
Aucun dépassement signalé
Selon une source des services de sécurité à l’AFP, "le rassemblement s’est déroulé dans le calme". "Des forces de l'ordre se sont déployées autour de la Place, mais se sont montrées très discrètes. Aucun dépassement n'a été signalé", note en effet, le quotidien "El Watan".
D'après des journalistes sur place, les manifestants se sont dispersés en début d'après-midi pour éviter des dérapages. Un groupe qui voulait scander des slogans anti-gouvernementaux a été neutralisé par les organisateurs, ont-ils constaté.
Quatre chômeurs condamnés à la prison
Ce rassemblement se tient tandis qu'un tribunal de Laghouat, une ville du sud algérien, a condamné, mardi, à deux mois de prison, dont un ferme, quatre chômeurs qui avaient manifesté en février devant l'Agence nationale pour l'emploi (Anem) de cette ville, proche de Hassi R'mel, plus important champ gazier du pays.
Les manifestants étaient notamment poursuivis pour "attroupement non armé et usage de la force contre les forces de l'ordre", a précisé leur avocate, indiquant que treize autres prévenus avaient été acquittés.
Le 26 mars, quinze autres chômeurs seront jugés à Ouargla pour "attroupement non armé".
Avec dépêches