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Sky, le ciel comme seule limite ?

Qui parviendra à troubler la domination de l’équipe Sky sur le cyclisme mondial ? Après une année 2012 prolifique avec, en point d'orgue, un doublé sur le Tour de France, la formation britannique semble repartie sur les mêmes bases.

Après la victoire, dimanche 10 mars, de l’Australien Richie Porte sur Paris-Nice et Christopher Froome toujours en course pour un succès sur Tirenno-Adriatico qui se termine mardi, l’équipe Sky a déjà marqué les esprits en ce début de saison. D’autant plus que le Britannique reste également sur une victoire lors du Tour d’Oman, en février.

L’an dernier, l’équipe britannique, créée en 2010, a dominé les courses par étapes, remportant, avec Bradley Wiggins, Paris-Nice en mars, le Tour de Romandie en avril, le Critérium du Dauphiné en juin et, bien sûr, le Tour de France en juillet ! Toujours plus forte, Sky a réussi à classer six de ses coureurs dans le top 20 du World Tour, devenant en trois ans la meilleure équipe du monde.

Alors, forcément, quand on voit que l’année 2013 commence sur les mêmes bases, on s’interroge. Comment ? Quel est le secret de l’équipe dirigée par Dave Brailsford ?

Ce fils de guide de haute montagne est celui qui a révolutionné le vélo au Royaume-Uni. Son premier grand fait d’arme est d’avoir sorti du néant le cyclisme sur piste britannique en le propulsant au firmament avec 12 médailles - dont 7 en or - lors des JO de Pékin, en 2008, et 7 titres sur 10 possibles lors des derniers JO de Londres.

Nommé manager général du Team Sky à sa création, Brailsford a "appliqué ses méthodes de la piste à son équipe", explique Éric Boyer, ancien directeur sportif de l’équipe Cofidis et actuellement membre du mouvement "Change Cycling Now", créé juste après la destitution de Lance Armstrong de ses 7 victoires dans le Tour de France.

"Tout ça, c’est du pipeau !"

Premier Australien vainqueur de Paris-Nice, Richie Porte a expliqué, dimanche, que la domination de son équipe s’expliquait "par le travail". Des propos maintes et maintes fois repris ces dernières années, notamment par l’Américain Lance Armstrong !

"On s'entraîne très dur, vraiment très dur. Il y a de grands coureurs dans notre équipe. On fait les choses à notre manière", a expliqué Porte. Des propos qui font bondir Éric Boyer. "Tout ça, c’est du pipeau ! Cela fait 10 ans que j’entends que l’on s’entraîne plus dur ! C’est complètement con (sic). Les entraînements sont exactement les mêmes pour tout le monde. Les méthodes sont les mêmes. On sait s’entraîner, tout le monde sait s’entraîner. Il n’y a pas de différence."

Mais alors comment expliquer une telle domination ? Pour Éric Boyer, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte.

Sky, plus gros budget du circuit

"Tout d’abord, l’équipe Sky possède 20 millions d'euros de budget, C’est le plus gros du circuit", explique-t-il. La formation est soutenue par le puissant opérateur de télévision par satellite britannique BSkyB, propriété du magnat australien des médias Rupert Murdoch. L'équipe est également adossée à la fédération britannique de cyclisme, elle-même financée par la loterie nationale. Du coup, si elle a de bons résultats, elle reçoit plus de fonds.

"Forcément, quand on recrute des coureurs pour constituer son équipe, cela permet de prendre les meilleurs du marché. Sky peut ainsi proposer des salaires très importants et la concurrence ne peut pas suivre. Dans le même ordre d’idée, un tel budget permet à l’équipe Sky d’être plus souvent en stage au soleil en décembre, janvier et février. Tout cela, ça compte", explique Boyer.

"Ensuite, Sky a la capacité de réaliser un vrai travail d’équipe. C’est le fruit du recrutement qui propose de gros contrats à des coureurs qui ont du talent mais qui, finalement, deviennent de simples équipiers dévoués avec l’interdiction d’aller gagner des courses."

Ainsi Richie Porte, habituel coéquipier de Wiggins et Froome, a profité de l’absence de ses deux leaders sur Paris-Nice pour l’emporter. Mais dès qu’il se retrouvera en course avec eux, il redeviendra simple équipier. À l’image de Froome qui, l’an dernier, avait la possibilité de l’emporter sur le Tour mais se dévoua finalement pour Bradley Wiggins.

"Comment se sortir de la moindre suspicion après une victoire ?"

Une Grande Boucle lors de laquelle la domination de Sky fut éclatante. L'équipe britannique fut alors affublée par certains internautes du sobriquet "UK Postal", en référence à l’ancienne équipe US Postal de Lance Armstrong.

Interrogé à ce sujet, le maillot jaune Bradley Wiggins avait vertement répondu : "Pour moi, ce sont juste des petits branleurs. C'est facile de s'abriter derrière un pseudo sous Twitter et d'écrire ce genre de merde plutôt que de se lever le cul dans sa propre vie. Connards !"

Une façon radicale d’évacuer le soupçon du dopage qui pèse forcément sur la formation britannique. "Comment se sortir de la moindre suspicion après une victoire ?, se demande Éric Boyer. J’ose espérer que le dopage est derrière nous et que toutes les équipes pratiquent un cyclisme propre. Malheureusement, si ce n’est pas le cas, cela se saura de toute façon. Peut-être dans un an, deux ans, dix ans, mais cela sortira... Mais aujourd’hui quoi dire ?"

Et comment les autres formations peuvent-elles contrecarrer cette domination de l’équipe Sky ? "C’est un vrai casse-tête. D’autant plus que lorsque l’on a une position dominante comme celle de l’équipe Sky, on assomme plus facilement ses adversaires", déclare Boyer qui prévient : "Je ne souhaite qu’une chose : c’est que tout se passe bien. Autrement, ce sera un nouveau coup dur pour le vélo !"