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Le président El-Béchir en voyage officiel en Libye

Pour la troisième fois en une semaine, le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, est en déplacement à l'étranger. Après l'Érythrée et l'Égypte, il est arrivé en Libye.

AFP - Le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), est arrivé jeudi à Syrte, en Libye pour rencontrer le numéro un libyen Mouammar Kadhafi, a rapporté l'agence officielle libyenne Jana.

"Le président de la République soudanaise, Omar Hassan el-Béchir, est arrivé en Libye" a rapporté l'agence.

L'avion de M. Béchir a atterri à l'aéroport de Syrte, ville natale du dirigeant libyen, à 600 km à l'est de Tripoli.

Le président soudanais est accompagné notamment par ses ministres des Affaires étrangères et de l'Industrie, selon Jana. Il a été accueilli par le Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi.

"Il est actuellement en Libye", avait déclaré auparavant à l'AFP à Khartoum Imad Saïd Ahmed, du bureau de la presse présidentielle. Le porte-parole du président, Fadel Mahjoub, joint au téléphone par l'AFP, a confirmé l'information, alors qu'un responsable du bureau de la présidence avait plus tôt indiqué que M. Béchir se rendait jeudi en Ethiopie.

Les responsables soudanais n'ont pas précisé si le voyage annoncé en Ethiopie était du bluff, s'il a été annulé pour des raisons diplomatiques ou sécuritaires ou simplement reporté.

La visite de M. Béchir en Libye est la troisième à l'étranger depuis l'émission du mandat d'arrêt de la CPI le 4 mars pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003.

Omar el-Béchir a déjà défié la CPI deux fois cette semaine, par des visites lundi en Erythrée puis mercredi en Egypte, où il s'est entretenu respectivement avec les présidents érythréen Issaias Afeworki et égyptien Hosni Moubarak.

L'arrestation du président Béchir incombe aux Etats car la CPI ne possède pas de force de police propre. Mais la Libye, l'Egypte et l'Erythrée n'ont pas ratifié le traité de Rome, le texte fondateur de la Cour.

Le procureur de la CPI, l'Argentin Luis Moreno-Ocampo, avait affirmé le 4 mars "qu'il n'y a pas d'immunité pour Omar el-Béchir (...). Dès qu'il voyagera dans l'espace aérien international, il pourra être arrêté".

Dans la presse, de hauts responsables soudanais ont dit craindre que l'avion présidentiel ne soit intercepté par des Etats parties de la CPI à sa sortie de l'espace aérien soudanais.

Les 22 membres de la Ligue arabe comme les 53 Etats de l'Union africaine (UA) se sont prononcés contre le mandat d'arrêt et ont entamé des procédures auprès du Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il suspende la procédure.

Omar el-Béchir n'a toujours pas confirmé sa participation au sommet de la Ligue arabe à Doha, au Qatar, fin mars.

Des responsables soudanais avaient indiqué il y a deux semaines que le président allait se rendre au sommet arabe, mais la présidence a dit que la décision n'avait toujours pas été prise.

Et le comité des oulémas soudanais a émis une fatwa lui déconseillant de s'y rendre, évoquant un possible piège.

Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad bin Jasim Al-Thani, a renouvelé cette semaine à Khartoum son invitation au président soudanais, tout en admettant avoir "reçu des pressions de certains pays" pour ne pas l'accueillir.

Aussitôt après la décision de la CPI, Khartoum avait ordonné l'expulsion de 13 ONG internationales actives au Darfour, les accusant de collaboration avec la Cour et d'espionnage.