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Facebook censure une photo de nu exposée à la galerie du Jeu de Paume

Facebook a récemment bloqué le compte de la galerie parisienne du Jeu de Paume pendant 24 heures, en réaction à une photo figurant une femme nue qu'il avait postée sur le réseau social. L’établissement a jugé cette décision scandaleuse.

Cachez ces seins que Facebook ne saurait voir ! La galerie parisienne du Jeu de Paume a vu son compte Facebook bloqué pendant 24 heures pour avoir posté une photographie artistique d'une femme nue, a-t-on appris mercredi. L’œuvre, une étude de nu très classique réalisée en 1940 par la photographe Laure Albin Guillot, présentée dans le cadre d'une rétrospective sur l’artiste jusqu'au 13 mai, a provoqué une levée de boucliers de la part des utilisateurs du réseau social, qui ont signalé ce contenu.

"Nous avons retiré du contenu que vous avez publié en raison d'infractions à la déclaration des droits et responsabilités publiée par Facebook", indique le groupe sur la page du Jeu de Paume. La photographie de la belle blonde, dont le sexe est couvert par un drap, s'est vue gratifiée d'un grand rectangle sur les seins.

Indignation

En réaction, la directrice du musée, Marta Gili, s'est déclarée "révoltée par la censure de Facebook qui n'a pas le droit de faire cela avec une œuvre d'art".

"Provisoirement, le Jeu de Paume a décidé de ne plus publier de nus de cette exposition sur son site, même si nous pensons que leur valeur artistique est grande" et que ces photographies ne sont "en rien pornographiques", a-t-elle déclaré à l'AFP. La galerie a choisi de "défendre ses positions par les mots" en postant des écrits sur son site et "en restant en contact" avec ses amis, a-t-elle ajouté.

"Nous avions déjà commis d'autres infractions en publiant des nus de Willy Ronis et Manuel Alvarez Bravo. Au prochain avertissement de Facebook, notre compte risque d'être définitivement désactivé", a écrit lundi le musée à destination de ses abonnés.

Différencier une œuvre d’art d’une image pornographique

Le Jeu de Paume a néanmoins profité de cette affaire pour appeler le géant américain à plus de souplesse. "La polémique doit inciter les administrateurs de Facebook à reconsidérer leur position. Ne pas différencier une œuvre d'art d'une image à caractère pornographique est un amalgame douteux mais surtout dangereux", écrit la galerie dans une note. "Nous comptons sur ce débat pour que 'les standards de la communauté Facebook' soient revus et refusons à l'avenir de nous soumettre à toute forme de censure".

Interrogé par l'AFP, Facebook France a rappelé que, chaque jour, des millions de contenus sont publiés sur le site. "Si la publication d’éléments contenant de la nudité va à l’encontre des conditions d’utilisation de Facebook, il est parfois difficile de faire la distinction entre ce qui relève de l’art et de la pornographie", reconnaît par écrit un porte-parole de Facebook France.

"Nos équipes vérifient des millions de signalements par jour et notre système est l’un des plus efficaces du Web. Malheureusement, il arrive parfois que nos équipes retirent du contenu par erreur", indique ce porte-parole.

"Dans ce genre de cas, nous permettons aux utilisateurs de faire appel de la décision et si nos équipes se sont trompées, elles rétablissent le contenu supprimé dans les plus brefs délais", poursuit-il sans se prononcer sur le cas du Jeu de Paume.
 

Avec dépêches