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Paris et Bagdad renouent leur coopération militaire

Les ministres français et irakien de la Défense annoncent la signature d'un premier contrat d'armement entre les deux pays depuis 1990. Il porte sur la vente de 24 hélicoptères de transport à Bagdad, pour 360 millions d'euros.

AFP - Paris et Bagdad ont ravivé mercredi une tradition d'intense coopération militaire avec la conclusion d'un accord portant sur l'acquisition par l'Irak de 24 hélicoptères de transport, premier contrat d'armement entre les deux pays depuis 1990.

Les ministres de la Défense français et irakien Hervé Morin et Abdel Qader Obeidi en ont fait l'annonce sur le perron du ministère de la Défense à Paris, 19 ans après l'invasion du Koweït par l'Irak qui avait mis fin à toute coopération militaire bilatérale.

Le contrat porte sur l'achat de 24 appareils de transport EC 635 d'Eurocopter, filiale du géant européen de l'aéronautique EADS, pour un montant de 360 millions d'euros.

Mais Paris assurera aussi la formation des équipages irakiens en France, sur des hélicoptères Gazelle mis à leur disposition, la maintenance des appareils ainsi qu'un soutien technique.

Lors d'une visite-surprise de Nicolas Sarkozy à Bagdad le 10 février, la première d'un président français depuis la création de l'Irak en 1921, le chef de l'Etat avait proposé une collaboration "sans limites" de la France à la reconstruction du pays, y compris dans le domaine de la défense.

"Nous pouvons collaborer, former et équiper aussi l'armée irakienne", avait-il déclaré.

Le contrat sur les hélicoptères apparaît ainsi comme une première étape, M. Morin annonçant, après une entrevue avec son homologue irakien, que Paris allait "rouvrir une mission militaire à Bagdad" et y dépêcher un attaché militaire "dès cet été".

"Nous voulons retrouver le niveau des relations que la France avait jusqu'aux années 80" avec l'Irak, a-t-il souligné, rappelant qu'à l'époque, "une grande partie de l'armée irakienne était formée en France et équipée de matériel militaire français".

A ses côtés, le ministre irakien a précisé qu'au cours de sa visite en France, il avait engagé des discussions sur "d'autres projets" avec "de grandes entreprises françaises".

Ces contrats d'armement, a-t-il jugé, renforceront "l'indépendance" de l'Irak et "faciliteront l'accord conclu avec les Etats-Unis sur le retrait des forces américaines".

Paris et Bagdad voient déjà plus loin. M. Morin a proposé à son homologue un "accord cadre" portant sur "la formation des officiers irakiens, l'entraînement et l'encadrement de l'armée irakienne ainsi que la coopération industrielle".

La France, a souligné le ministre, est prête à concourir à la "reconstruction d'une aviation de combat" irakienne et à "la remise à niveau de l'armée de terre" en fournissant des blindés.

De 1977 à 1988, Paris était devenu l'un des principaux fournisseurs d'armement de l'Irak dirigé par Saddam Hussein, avec la vente d'une centaine de Mirage F1.

La France qui s'est farouchement opposée, avec l'Allemagne et la Russie, à l'intervention américaine en Irak, pourrait aussi y dépêcher prochainement des instructeurs.

Interrogé sur cette perspective, M. Morin a répondu que la France était "ouverte à toute forme de coopération" mais qu'il appartenait "au gouvernement irakien de dire ce qu'il souhaite".

Des militaires français seront présents en Irak "dès l'arrivée des équipements français", a enchaîné son homologue irakien, sans préciser le calendrier.

L’EC 635, "biturbine léger polyvalent", selon son constructeur, est un hélicoptère de transport de troupes (jusqu'à sept soldats) et de fret qui peut être également engagé dans des missions de formation, de reconnaissance ou de recherche et sauvetage.