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Dans un documentaire diffusé mercredi 6 mars sur France 3, la mère de l’auteur des tueries de Toulouse et de Montauban affirme ne pas s’être rendu compte de la voie dangereuse sur laquelle son fils s’embarquait.

C’est la première fois qu’elle témoigne. La mère de Mohamed Merah, Zoulikha Aziri, a accepté d’évoquer le parcours de son fils, abattu le 22 mars 2012 à Toulouse par le Raid, dans le documentaire "Affaire Merah, itinéraire d'un tueur", qui sera diffusé mercredi 6 mars, sur la chaîne France 3.

"J'ai rien compris. Il était beau gosse, il était gentil. D'un coup, il a changé. Je ne sais pas pourquoi. Il est mort et il a pris beaucoup de gens avec lui", confie-t-elle en pleurs devant la caméra de Jean-Charles Doria. Dépassée, c’est ainsi qu’apparaît la mère de celui qui tua, le 15 mars 2012, trois militaires à Montauban, puis trois enfants et un enseignant juifs devant l’école Ozar Hatorah, de Toulouse, le 19 mars. Mère d'une fratrie de cinq enfants, Zoulikha Aziri divorce quand Mohamed a 5 ans. Avec 400 euros d'allocations mensuelles, elle perd vite l'autorité sur eux, Mohamed est placé en foyer.

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Manuel Valls met en avant les failles des services de la DCRI dans l'affaire Merah

"Jamais il n'a parlé de djihad"

"Je crois que c'est de ma faute s'il est devenu comme ça. Parce que j'ai divorcé de son père. Je regrette beaucoup", ajoute Zoulikha Aziri en précisant cependant que "jamais il n'a parlé de djihad".

Malgré les signes visibles de l’embrigadement religieux de son fils, celle qui aujourd’hui porte le hidjab ne s’inquiète pas. Lorsqu’il l’appelle du Pakistan, elle se contente de lui dire naïvement : "c’est un pays dangereux".

Le documentaire, riche en témoignages, donne également la parole à la sœur de Mohamed Merah, Souad, qui s'était dite "fière" de son frère. Une déclaration qui lui avait valu d'être visée par une enquête pour apologie du terrorisme, classée sans suite en janvier.

"Indécence" et "obscénité"

Les avocats de la famille Sandler, dont trois membres ont été tués par Mohamed Merah le 19 mars 2012 à Toulouse, ont demandé en vain la déprogrammation de ce documentaire en soulignant qu’il y avait "une forme d'indécence et d'obscénité à mettre en avant les deux personnes les plus proches de Mohamed Merah, tant familialement qu'idéologiquement".

Albert Chennouf, père d'un des militaires abattus le 15 mars à Montauban, a quant à lui soutenu la diffusion : "Même si cette émission doit me perturber, je préfère l'excès de liberté d'expression que pas du tout".

Ce documentaire sera suivi d'un débat en direct avec plusieurs représentants de familles des victimes. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, sera également présent pour évoquer les défaillances de l’enquête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sur cette affaire. "Il y a eu des erreurs, des failles, des fautes, il ne s'agit pas d'accuser, il s'agit tout simplement de savoir ce qui s'est passé", a déclaré, samedi, le ministre de l'Intérieur en marge d'un déplacement dans le XXe arrondissement de Paris.