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Meurtre de Chokri Belaïd : la mouvance salafiste pointée du doigt par Tunis

Le ministre tunisien de l'Intérieur, Ali Larayedh, a indiqué que les principaux suspects de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd sont issus de la mouvance salafiste extrémiste. Le tireur présumé est toujours en cavale.

Le parti islamiste tunisien Ennahda va-t-il finalement sévir contre les violents débordements de la mouvance radicale salafiste ? C’est la question qui se pose après la conférence de presse du ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, durant laquelle a été annoncée l’arrestation de quatre suspects de nationalité tunisienne issus d’un "courant religieux radical" pour leur implication présumée dans l'assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, le 6 février.

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"Les 4 complices présumés sont tous issus de la mouvance islamiste"

Le ministre, appelé à diriger le prochain gouvernement tunisien, a cependant démenti les informations de l’AFP faisant état de l’arrestation du tireur présumé. Ali Larayedh s’est ainsi contenté de déclarer que l’auteur présumé des quatre coups de feu tirés à bout portant contre l’opposant tunisien était désormais "identifié et pourchassé" par la police tunisienne.

L’assassinat qui a plongé la Tunisie dans sa plus grave crise politique depuis la révolution aurait été méticuleusement planifié, selon les autorités tunisiennes.

"Pendant les interrogatoires, un des suspects a avoué avoir surveillé Chokri Belaïd pendant une semaine avant le meurtre. Mais Ali Larayedh s’est refusé à donner plus de détails, notamment sur les noms ou l’appartenance politique de ces hommes", rapporte David Thomson, correspondant de FRANCE 24 à Tunis.

Le ministre de l’Intérieur n’a pas non plus évoqué d’éventuels liens entre les suspects interpellés et les Ligues de protection de la révolution (LPR), ces fameux groupes accusés par l’opposition de servir de milices au parti au pouvoir.

Contacté un peu plus tôt dans la journée par France24.com, le porte-parole de la LPR du Kram, dans la banlieue de Tunis, a démenti l’arrestation d’un de ses membres dans l’enquête sur l’assassinat de Chokri Belaïd.

"On nous décrit à tort comme une milice radicale et c’est pour ça que nous préférons ne plus parler à des médias étrangers. Mais je vous répète que nous ne sommes pas une organisation salafiste et qu’aucun membre de la LPR du Kram n’a été arrêté ces derniers jours", affirme Ihmed Deghij.

Si aucune information n’a filtré sur les commanditaires éventuels de cet assassinat, l’intervention d’Ali Larayedh montre que l’enquête policière s’oriente officiellement vers la mouvance salafiste djihadiste. Une information qui apportera sans doute du grain à moudre aux opposants d’Ennahda, qui accusent depuis plusieurs mois le parti au pouvoir de tolérer les violents coups d’éclat des extrémistes salafistes.