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Nicos Anastasiades élu président de Chypre avec 57,5% des voix

Le conservateur Nicos Anastasiades est arrivé dimanche en tête des élections présidentielles avec 57,5% des voix. L'avocat pro-européen, âgé de 66 ans, prend les rênes d'un pays au bord de la faillite.

Le candidat de droite Nicos Anastasiades a été élu dimanche à la présidence de Chypre avec 57,5% des voix et aura désormais la difficile tâche de conclure un plan de sauvetage européen crucial pour l'île au bord de la faillite.

Avocat pro-européen de 66 ans et vétéran de la vie politique chypriote, M. Anastasiades a largement devancé Stavros Malas, un indépendant soutenu par les communistes dominant le gouvernement sortant, selon les résultats officiels qui font état d'un taux de participation de plus de 81%.

L'équipe de M. Anastasiades a annoncé que celui-ci prendrait la parole à 21H00 (19H00 GMT). "Chypre est à la croisée des chemins (...). Ce scrutin marque le début d'une nouvelle ère", avait-il affirmé dans la matinée après avoir voté dans la ville côtière de Limassol.

Alors que le pays a demandé en juin une aide financière internationale, le scrutin était suivi de près par les ministres des Finances de la zone euro, qui ont attendu le résultat de la présidentielle pour se prononcer sur le plan d'aide.

"Les Chypriotes ont donné à M. Anastasiades un mandat fort pour appliquer son programme de réforme et faire ce qu'il faut pour garantir la durabilité budgétaire et financière", a salué le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Le responsable européen a appelé le vainqueur pour "lui assurer qu'il pouvait compter sur l'engagement continu de la Commission européenne pour aider Chypre à surmonter ses défis", selon un communiqué.

M. Anastasiades s'était dit prêt à des mesures radicales pour obtenir la confiance des bailleurs de fonds internationaux. M. Malas, soutenu par le parti communiste Akel du très impopulaire président sortant Demetris Christofias, avait en revanche promis d'atténuer les mesures d'austérité réclamées par les bailleurs de fonds.

"Je félicite publiquement M. Anastasiades. Maintenant nous avons besoin d'unité, mais nous critiquerons sévèrement tout ce qui pourrait aller contre l'intérêt du peuple ou du pays", a-t-il déclaré devant ses partisans réunis à son QG de campagne.

Concert de klaxons

A Nicosie, devant les locaux du parti Disy (droite), que M. Anastasiades dirige depuis 1997, une large foule a accueilli l'annonce de sa victoire avec des cris de joie, tandis que des concerts de klaxons ont résonné pendant une partie de la soirée à travers la ville.

"J'ai voté pour Anastasiades (...). Je pense qu'il est le meilleur politicien que nous avons à Chypre. Notre pays a beaucoup de problèmes économiques et nous avons de meilleures chances (de nous en sortir) avec lui", a affirmé à l'AFP Georgios Rossides, un restaurateur de 54 ans.

Les dernières prévisions de la Commission européenne sont en effet pessimistes: l'économie, qui s'est contractée de 2,3% en 2012, devrait poursuivre sa chute en 2013 (-3,5%), et la reprise n'est pas attendue avant 2016, alors que le chômage a plus que doublé en 18 mois pour atteindre 14,7%.

"Nous avons beaucoup à faire pour ranimer l'économie. Tout est possible", a assuré Christopher Pissarides, prix Nobel d'économie, qui s'est dit prêt à aider le nouveau gouvernement.

Le gouvernement chypriote a évalué à 17 milliards d'euros l'aide financière nécessaire, soit l'équivalent de son Produit intérieur brut annuel, destinée en premier lieu à renflouer les banques, très exposées à la dette grecque.

Face à la sévérité de la crise, la question de la réunification de l'île divisée depuis l'invasion turque de 1974 a été pour la première fois reléguée au second plan des enjeux du scrutin.

Mais la communauté internationale attendra du nouveau président qu'il fasse progresser les négociations menées sous l'égide de l'ONU. En 2004, M. Anastasiades avait soutenu un plan de réunification proposé par l'ONU et accepté par les Chypriotes-turcs mais rejeté par une grande majorité de Chypriotes-grecs.

Ce pragmatisme lui a valu de vives critiques, et il prône désormais un consensus politique sur ce dossier, sans pour autant présenter de stratégie claire.

AFP