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L'opposition veut boycotter les législatives, Morsi avance la date du scrutin

L'opposant égyptien Mohamed El-Baradei a appelé samedi à boycotter les élections législatives d'avril, condamnant "l'imposture de la démocratie" du régime Morsi. Parallèlement, le président a annoncé qu'il avancera de cinq jours le début du vote.

L'opposant égyptien Mohamed ElBaradei a appelé samedi au boycottage des élections
législatives qui doivent avoir lieu sur trois mois à partir d'avril, invoquant "un acte de tromperie" de la part du président Mohamed Morsi.

Les islamistes, qui ont remporté haut la main tous les scrutins depuis la "révolution du Nil" qui a fait chuter Hosni Moubarak en février 2011, affirment que les élections sont
crédibles et prédisent une forte participation.

Si les divisions entre islamistes et opposition restent fortes, le président Mohamed Morsi a fait samedi une concession à la minorité chrétienne copte sur le calendrier prévu.

Le chef de l'État, répondant aux critiques des coptes, a accepté d'avancer de cinq jours, au 22 avril, le début du scrutin qui aura lieu en quatre phases jusqu'au 24 juin, le
nouveau parlement devant se réunir le 2 juillet.

Les membres de la minorité copte, qui représente 10% de la population, avaient protesté contre les dates annoncées jeudi par le président Morsi, en soulignant que certaines correspondaient aux célébrations de la fête de Pâques.

L'organisation des élections en plusieurs phases a été jugée nécessaire compte tenu du nombre relativement faible de magistrats pour superviser le scrutin.

Mohamed ElBaradei a rappelé qu'il avait déjà lancé un appel similaire en 2010 lors d'élections organisées sous la présidence d'Hosni Moubarak, qui avaient été largement considérées comme manipulées.

Difficile transition

"Aujourd'hui, je réitère mon appel, (je) ne participerai pas à un acte de tromperie", écrit l'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur son compte Twitter.

Vendredi, plusieurs mouvements de l'opposition avaient déploré que le président Mohamed Morsi ait convoqué des élections en pleine crise politique et menacé de les boycotter.

L'Assemblée du peuple, chambre basse du Parlement, a été dissoute l'an dernier par la Cour constitutionnelle juste avant l'élection présidentielle en raison d'une loi électorale jugée injuste.

Les législatives organisées fin 2011-début 2012, premier scrutin libre de l'histoire de l'Egypte, avaient été largement remportées par les Frères musulmans, devant les salafistes. Les partis libéraux n'avaient fait que de la figuration.

Pour Mohamed Morsi, le scrutin doit parachever la difficile transition démocratique entamée avec la démission d'Hosni Moubarak. Selon les mouvements islamistes, il s'agit du seul moyen de ramener le calme et d'enrayer la glissade de l'économie.

Pour Essam Erian, du parti Liberté et Justice, vitrine politique des Frères musulmans, la nouvelle législature ramènera la cohésion dans la vie politique égyptienne.

Et le scrutin, écrit-il sur sa page Facebook, sera organisé sous "une totale supervision de la justice" et sera suivi par la presse nationale, africaine et internationale.

Le vote sera suivi par la société civile et les organisations de défense des droits de l'homme, précise-t-il en disant attendre une participation importante.

Alors que les islamistes ont su s'organiser pour remporter toutes les élections depuis la révolution, l'opposition libérale et de gauche est apparue en proie aux divisions. En outre, de précédentes menaces de boycott ne se sont pas matérialisées.

Le Front de salut national (FSN), qui regroupe un certain nombre de partis politiques opposés aux islamistes, dont celui de Mohamed ElBaradei, doit décider la semaine prochaine de sa participation au boycottage.

"Il s'agit de la position et de l'opinion personnelles du Dr ElBaradei", souligne le porte-parole du FSN Khaled Daoud, tout en ajoutant que d'autres personnalités du Front penchent pour le boycottage.

Avec dépêches