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Ali Larayedh Premier ministre tunisien, une nomination controversée

Le chef de l’État tunisien, Moncef Marzouki, a approuvé la nomination du ministre de l'Intérieur Ali Larayedh au poste de Premier ministre. Sa candidature avait été soumise plus tôt par le parti islamiste majoritaire Ennahda.

Le président tunisien Moncef Marzouki a approuvé ce vendredi la nomination d'Ali Larayedh, actuel ministre de l'Intérieur, au poste de Premier ministre, a annoncé le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer. Le parti islamiste tunisien Ennahda avait proposé son nom comme candidat au poste de Premier ministre pour sortir le pays d'une grave crise politique.

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Ali Larayedh a 15 jours pour former son gouvernement
Ali Larayedh Premier ministre tunisien, une nomination controversée

Prisonnier torturé sous le régime tunisien déchu de Zine el-Abidine Ben Ali, puis ministre de l'Intérieur après la révolution de 2011, Ali Larayedh, 57 ans, est considéré comme un homme de dialogue appartenant au courant modéré des islamistes.

"Bilan assez mitigé"

L’ancien ministre de l’Intérieur n’a pourtant pas eu bonne presse, ces derniers mois, auprès du peuple tunisien. "Son bilan du point de vue de l’opposition est assez mitigé", reconnaît David Thomson.

L’opposition lui reproche en effet la faillite sécuritaire du pays, en proie depuis plusieurs mois à de multiples manifestations sociales, et une trop grande indulgence à l’égard des salafistes.

"Larayedh n'est pas un homme de consensus", a déclaré Nejib Chebbi, le dirigeant du Parti républicain, ce vendredi, sur les ondes de Radio Express FM. "Il a échoué en tant que ministre de l'Intérieur", a-t-il ajouté.

Larayedh a été très critiqué pour n'avoir déployé qu'un dispositif de sécurité minimal autour de l'ambassade des États-Unis, le 14 septembre 2012, alors que les islamistes radicaux appelaient à manifester devant le bâtiment. L'opposition lui reproche également son laxisme lors de l'attaque d'une exposition d'art contemporain, en juin dernier.

"Responsable" de la mort de Belaïd

Surtout, depuis le 6 février, jour de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, la colère d'une partie des Tunisiens a redoublé à son égard. Les proches de la victime l'accusent d'avoir failli à assurer la sécurité du leader de gauche. Plusieurs milliers de personnes s’étaient d'ailleurs réunis le 6 et 7 février devant le ministère de l’Intérieur pour réclamer sa démission.

L'ancien Premier ministre Hamadi Jebali avait refusé, jeudi, la proposition d’Ennahda de le reconduire dans ses fonctions. Il avait auparavant renoncé à son poste après le rejet par son propre parti de l’idée d’un gouvernement de technocrates apolitiques.

Moncef Marzouki a souhaité que le nouveau Premier ministre s'attèle "le plus rapidement possible" à la formation de son cabinet. Le parti islamiste a promis de former un gouvernement d’ouverture mêlant personnalités politiques et technocrates pour sortir de la crise politique.