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"Prisonnier X" : Netanyahou prend la défense du Mossad

Le Premier ministre israélien a affirmé, dimanche, que le silence des autorités sur la mort mystérieuse du "prisonnier X", présenté par les médias australiens comme étant Ben Zygier, se justifiait par la sécurité d'Israël.

"Nous ne sommes pas un pays comme les autres." Pour la première fois depuis le début de la polémique entourant la mort du "prisonnier X", un Israélo-Australien lié au Mossad emprisonné dans le plus grand secret, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a réaffirmé, dimanche, son soutien aux services secrets israéliens.

"J’ai pleinement confiance dans les forces de sécurité de l’État d’Israël", a déclaré le chef du gouvernement israélien lors du conseil des ministres, selon le quotidien Haaretz. "Elles travaillent avec un dévouement infini pour nous permettre de vivre sur cette terre", a-t-il ajouté.

"Dans la situation où vit l'État d'Israël, la sécurité doit primer", a argué Benjamin Netanyahou. "Je demande à tout le monde de laisser les forces de sécurité travailler tranquillement afin que nous puissions continuer à vivre dans la paix et le calme", a plaidé le Premier ministre.

Cette déclaration intervient alors que la pression ne cesse de s'accroître sur le gouvernement après le décès de cet Israélo-Australien incarcéré pendant des mois dans le plus grand secret en Israël. Identifié comme Ben Zygier par les médias australiens qui ont révélé l’affaire, cet avocat de 34 ans, recruté par le Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, a été retrouvé pendu le 15 décembre 2010 dans sa cellule de la prison haute sécurité Ayalon, près de Ramleh, au sud de Tel-Aviv.

Une "enquête exhaustive" lancée par une commission parlementaire

Malgré la volonté du gouvernement israélien d'imposer un black-out total sur cette ténébreuse affaire, le ministère de la Justice a dû céder à la pression médiatique, ulcérée par la volonté des autorités de censurer la presse. Sans reconnaître l’identité ou les faits reprochés à la victime, les autorités judiciaires ont affirmé la semaine dernière que le "prisonnier X" avait eu droit à un avocat et que sa famille avait été dûment informée de son arrestation.

Bien qu’une enquête menée au moment des faits ait conclu au suicide, la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset (Parlement) "a décidé de lancer une enquête exhaustive sur tous les aspects de l'affaire", a indiqué un bref communiqué publié dimanche soir. Les investigations seront menées par la sous-commission pour le Renseignement, qui dépend de la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense.

La crainte de secrets d'État dévoilés ?

De son côté, l’Australie espère toujours des réponses sur les circonstances de la mort de celui qu’elle appelle Ben Zygier. Alors que le ministère australien des Affaires étrangères a diligenté sa propre enquête, les médias, eux, multiplient les révélations. D’après la radio ABC, le "prisonnier X" aurait livré des informations à l'Asis, les services secrets australiens, sur des opérations menées par le Mossad.

"Le Mossad s’inquiétait qu’il puisse fournir des informations sur les méthodes et les secrets de l’organisation, y compris sur une importante opération planifiée en Italie", peut-on lire sur le site Internet de la radio ABC.

En 2010, les relations entre les deux pays s'étaient profondément détériorées lorsque les autorités israéliennes avaient exfiltré de manière expresse un diplomate en poste en Australie. L’opération avait eu lieu après qu’une enquête a révélé que des passeports australiens avaient été utilisés par des agents du Mossad suspectés d’avoir assassiné un chef militaire du mouvement palestinien Hamas, Mahmoud al-Mabhouh, dans un hôtel à Dubaï en janvier 2010.

Le "prisonnier X" faisait partie d'un groupe d'au moins trois personnes dotées de la double nationalité israélo-australienne qui avaient émigré vers Israël. Tous faisaient l’objet d’une enquête de l’agence australienne de renseignements et avaient utilisé leur passeport australien pour se rendre en Iran, en Syrie et au Liban, des pays qui interdisent l'entrée aux détenteurs de passeports israéliens.