Trois associations d’aide aux plus démunis appellent à ne pas gaspiller les produits suspectés de contenir de la viande de cheval. Elles seraient prêtes à récupérer les lots mais pas à n’importe quelle condition.
Détruire des tonnes de lasagnes de cheval, un gaspillage de nourriture qui fait bondir
Selon le site Les Echos.fr, le président de Spanghero reconnaît une "négligence" de sa société et plaide la bonne foi. Il accuse, par ailleurs, le gouvernement de mettre en danger 300 emplois.
Le préfet de l'Aude a justifié vendredi la décision du gouvernement de suspendre "à titre conservatoire" l'agrément de Spanghero au vu des "graves doutes" pesant sur l'activité de la société de Castelnaudary soupçonnée de fraude à la viande de cheval.
Eric Freysselinard, qui a reçu une délégation de salariés de Spanghero, a également dit comprendre leur émotion et leur a demandé de garder "confiance". Il a annoncé en fin de journée que l'État acceptait leur demande à bénéficier du chômage partiel.
les associations françaises qui viennent en aide aux plus démunis. C’est pourtant un scénario plausible au vu du scandale qui secoue actuellement l’Europe, les produits surgelés soupçonnés de contenir non pas du bœuf mais de la viande chevaline étant au fur et à mesure retirés des étals. “Ils n’ont pas été détruits et sont actuellement stockés”, précise à FRANCE 24 une porte-parole de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), un syndicat qui représente les grandes enseignes de la distribution.
C’est pourquoi les Restos du cœur, la Banque alimentaire et le Secours populaire ont émis l’idée ces derniers jours qu’elles pourraient être intéressées par le fait de récupérer ces produits. La viande de cheval n’est, en effet, pas en soi impropre à la consommation. Dans le contexte d’augmentation de la pauvreté dans l’Hexagone (10% en plus sur la dernière décennie d’après l’Insee), ces associations ne comptent pas rester sans rien faire face à un tel gâchis potentiel.
“Il n’est pas question que toute cette marchandise soit jetée, mais nous devons avant tout recevoir des assurances”, explique à FRANCE 24 Julien Lauprêtre, président du Secours populaire. Il veut ainsi que les autorités sanitaires françaises et européennes concluent “que cette nourriture n’est pas dangereuse pour la santé”. Les produits devraient également être correctement étiquetés par les enseignes afin d’avoir une traçabilité parfaite.
Casse-tête logistique
Deux préalables qui sont aussi des conditions sine qua none posées par les autres associations qui se disent toutes “en attente”. “Ce scandale est devenu un feuilleton qui apporte chaque jour son nouvel épisode et il reste beaucoup de questions en suspens”, précise à FRANCE 24 Maurice Lony, directeur de la fédération nationale des Banques alimentaires. Ainsi la Grande-Bretagne a révélé, jeudi, avoir décélé dans certains lots des traces de médicaments dangereux pour l’homme.
itMais un feu vert des autorités sanitaires et un étiquetage correct ne résoudraient pas tous les problèmes. La gestion de tous ces produits surgelés serait un vrai casse-tête logistique. “Il faut des congélateurs et des camions frigorifiques pour assurer le transport et le stockage”, précise Maurice Lony qui souligne que la Banque alimentaire serait équipée pour respecter la chaîne du froid. Du côté des Restos du cœur, on affirme réfléchir à ce problème du surcoût. “C’est clair qu’il nous faudrait une aide extérieure”, reconnaît, pour le Secour populaire, Julien Lauprêtre.
Un problème d’autant plus complexe que les associations ne savent pas combien de produits ont été retirés et seraient donc disponibles. “Pour une raison que je ne m’explique pas, les enseignes de distribution ne disent rien à ce sujet”, regrette Maurice Lony. La FCD reconnaît ne pas avoir non plus de chiffres car “il n’y a pas de listes qui nous ont été communiquées”.
Flou juridique
En outre, personne - ou presque - ne semble prêt à prendre l’initiative dans cette affaire. La Banque alimentaire et les Restos du cœur se disent “à l’écoute des propositions des enseignes”. “Nos stocks sont actuellement suffisants pour couvrir les besoins, mais nous sommes ouverts au fait d'étudier toute proposition”, explique Maurice Lony. Seul le Secours populaire pourrait être demandeur d’après son président Julien Lauprêtre.
Côté distribution, la FCD affirme qu’elle est “attentive aux demandes des associations”. Mais elle se réfugie derrière le droit pour assurer que “juridiquement à date, on ne peut pas donner ces produits suspectés de mauvais étiquettage”. Il s’agirait d’une question de protection des consommateurs. Cependant, la fédération reconnaît qu’il “s’agit d’une situation inédite” et qu’il y a donc un flou juridique. Elle ne ferme donc pas la porte à une éventuelle remise aux associations des lasagnes et autres produits suspectés de contenir de la viande de cheval mais attend, là encore, que les pouvoirs publics éclaircissent la situation.