
Sans avoir les moyens ni l’historique de Google, des Français viennent de lancer un tout nouveau moteur de recherche baptisé Qwant. Son arme secrète pour concurrencer le géant du Web ? Intégrer les résultats des réseaux sociaux.
À peine né, Qwant a déjà des rêves de grandeur. L'objectif de ce nouveau moteur de recherche français ? Révolutionner la manière dont l’internaute mène des recherches sur Internet. Rien que ça... Il en faut de l’ambition quand, à l'instar de Jean-Manuel Rozan et Éric Leandri, on part à l'assaut de l’un des secteurs les plus monopolistiques du Web.
Ces deux Français s’attaquent en effet à Google. Avec Qwant, mis en ligne mercredi 13 février, ils espèrent écorner, sinon égratigner, quelque peu la domination du géant américain qui détient, dans certains pays comme la France, plus de 90 % des parts de marché de la recherche sur le Web.
"C’est vrai que c’est un pari risqué”, reconnaît à FRANCE 24 Jean-Manuel Rozan. Mais il semble à ces deux entrepreneurs qu’il y a encore une place sur le marché et surtout que le temps est venu d'offrir quelque chose de nouveau.
"Libérer la recherche sur Internet"
Les créateurs de Qwant partent du constat que l’univers de la recherche sur le Net est “figé depuis plus d’une dizaine d’années”. Pour eux, Google n’indexe, “pour des raisons philosophiques et de politiques commerciales”, que des pages web alors qu’Internet a depuis lors “vu l’émergence des réseaux sociaux et leur adoption massive par les internautes”.
D’où l’idée de ce nouveau moteur de recherche "made in France" mais pour tous : les résultats d’une recherche incorpore aussi bien les pages Web que les fameux tweets, les publications publique sur Facebook ou encore les profils LinkedIn. Le tout est présenté sous forme de quatre colonnes - “web” pour les pages Internet, “live” pour le flux d’informations, “social” pour les réseaux sociaux et “shopping” pour des achats en ligne. “Ainsi l’expulsion de Zlatan Ibrahimovic [mardi 12 février dans les arrêts de jeu du match PSG-Valence, ndlr] n’était disponible que deux heures après sur Google avec un lien vers un article, tandis que sur Qwant on pouvait le savoir une minute après le carton rouge”, racontent les fondateurs du moteur de recherche.
“C’est une manière pour nous de libérer la recherche sur Internet”, assure Éric Leandri, en regroupant tout Internet dans un seul moteur de recherche. Une réponse à une autre dérive qu’ils dénoncent : la tendance des géants du Web à “vouloir enfermer les internautes dans un univers”. Google et les pages Web, Facebook qui, avec son récent Graph Search, ne renvoie que des résultats issus de son réseau social, et ainsi de suite.
Un cadavre de plus ?
Si Qwant se rêve ainsi en anneau unique pour les réunir tous à la sauce J. R. R. Tolkien, encore faut-il qu’il survive dans l’univers impitoyable des moteurs de recherche. Pas facile de trouver le bon modèle économique face aux Google, Bing (de Microsoft) ou Graph Search. Tous ces mastodontes accaparent l’essentiel du marché publicitaire qui fait vivre ces moteurs de recherche.
Le nouveau venu dans cette bagarre a donc décidé d’utiliser un modèle qui ne repose pas sur la publicité. Qwant propose, notamment, la possibilité pour des sites tiers d’intégrer, contre rémunération, leur moteur de recherche directement dans leur site.
Mais pour qu’un tel modèle économique fonctionne il est nécessaire que des internautes utilisent Qwant. Google a déjà amassé pas mal de cadavres d’ex-concurrents qui n’ont pas réussi à s’imposer. Même Bing, pourtant soutenu par la puissance de feu financière de Microsoft, peine à survivre face à l’algorithme de Google qui semble inégalé. Et c’est bien la pertinence des recherches qui risquent de faire gagner les internautes à la cause de l’un ou de l’autre moteur de recherche. D’où le crash-test d’une recherche comparative entre Qwant et Google sur les termes “France 24”. Aux internautes ensuite de voir ce qu’ils préfèrent...