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Scandale de la viande de cheval : l'UE demande des tests ADN

Face à l'ampleur du scandale de la viande de cheval et à l'issue d'une réunion de crise, les autorités européennes ont demandé mercredi à tous les États membres de l'Union européenne de pratiquer des tests ADN sur les produits suspects.

La Commission européenne préconise des contrôles renforcés d’ADN sur les produits à base de viande commercialisés dans l’UE, afin de déterminer l’ampleur du scandale de la viande de cheval retrouvée dans plusieurs préparations censées être au boeuf.

« Ces tests seront faits sur l’ADN des produits à base de viande dans tous les Etats membres », a dit le commissaire européen à la Santé et à la Consommation, Tonio Borg, mercredi soir à Bruxelles à l’issue d’une réunion ministérielle consacrée à ce dossier.

Traces de phenylbutazone

Trois carcasses de cheval provenant d'abattoirs britanniques et contenant des traces de phenylbutazone, un antidouleur potentiellement nocif pour la santé humaine, ont été envoyées en France, a indiqué ce jeudi le ministre britannique de l'Agriculture David Heath.

Le ministre a précisé aux députés que des traces de ce produit avaient été détectées dans huit carcasses testées au Royaume-Uni, et que trois d'entre elles, envoyées en France étaient "peut-être rentrées dans la chaîne alimentaire". L'agence de sécurité alimentaire (FSA) "travaille avec les autorités françaises pour tenter de sortir la viande de la chaîne alimentaire", a-t-il ajouté.
 

Ces contrôles renforcés, sur une période initiale d’un mois, concerneront notamment les usines traitant de la viande de cheval, afin de savoir si des résidus de médicaments potentiellement dangereux pour l’homme ne sont pas entrés dans la chaîne alimentaire, a précisé Tonio Borg. Les premiers résultats sont attendus à la mi-avril.

Lors de la réunion, le commissaire européen a souligné que la Commission allait aussi accélérer ses travaux en vue de renforcer la réglementation sur l’étiquetage de la viande commercialisée dans l’UE.

Ce scandale de la viande de cheval ne présente a priori aucun danger pour la santé publique mais une telle tromperie sur la nature des produits a provoqué un tollé, notamment en Grande-Bretagne où l’idée de manger du cheval est taboue.

Depuis que l’affaire a éclaté la semaine dernière, à la suite de contrôles de routine effectués en Irlande sur des steaks hachés surgelés, les enquêtes ont mis en lumière un circuit complexe de distribution de la viande. Au total, neuf pays ont été cités jusqu’ici, à différents niveaux, comme la Roumanie, le Luxembourg, Chypre et la France.

En Allemagne, la chaîne de supermarchés Real, filiale de , a annoncé à son tour mercredi la découverte de viande de cheval dans des lasagnes surgelées. Elle avait déjà retiré ces plats de ses rayons vendredi dernier.

Résultats de l'enquête publiés ce jeudi

« Cela a des conséquences sur l’intégrité de la chaîne de commercialisation des produits alimentaires, une question de très grande importance pour de nombreux pays. Maintenant que nous savons que c’est un problème européen, il faut trouver une solution européenne », a dit à Bruxelles le ministre irlandais de l’Agriculture, Simon Coveney, dont le pays préside actuellement l’UE.

Pour son homologue britannique Owen Paterson, les tests qui ont permis de mettre au jour le scandale devraient être désormais menés de façon plus systématiques.

« Je voudrais que des tests ADN sur les produits contenant de la viande (...) soient institués aussi vite que possible dans tous les Etats membres », a-t-il dit.

Les ministres sont aussi favorables à un renforcement de l’étiquetage, précisant surtout le pays d’origine de la viande utilisée. Pour l’instant, cet étiquetage n’est obligatoire que pour le boeuf frais et doit être étendu à partir de décembre 2014 à l’agneau, au porc et à la volaille.

Lors d’une conférence de presse avant la réunion de la soirée, Tonio Borg avait souligné l’importance de l’étiquetage du pays d’origine des produits agroalimentaires.

« Il est évident que quelque part le long de la chaîne, quelqu’un (...) a frauduleusement ou peut-être négligemment étiqueté un produit de manière trompeuse », a-t-il dit.

« Tous les pays par lesquels cette viande a transité sont évidemment suspects. Par pays, je veux dire les entreprises de ces pays qui ont traité le produit en question », a-t-il ajouté.

La branche britannique de l’entreprise de produits surgelés Findus a entamé le rappel de ses lasagnes de boeuf la semaine dernière sur le conseil de son fournisseur français, Comigel, qui affirme que la viande douteuse vient de Roumanie.

Le Premier ministre roumain, Victor Ponta, a assuré qu’aucune fraude n’avait été commise dans son pays.

En France, les ministres de l’Agriculture et de la Consommation doivent rendre public jeudi en fin d’après-midi le résultat de l’enquête administrative sur « la fraude sur la commercialisation de viandes bovines et chevalines. »

REUTERS