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Ces gérontes qui ne sont pas prêts à "renoncer" au pouvoir

Benoît XVI va renoncer à exercer sa fonction en raison de son âge. Une décision louée par nombre de personnalités politiques mondiales. Pourtant à travers le globe, nombreux sont les chefs d’États vieillissants qui n’ont pas fait le même choix.

L’annonce de la renonciation du pape Benoît XVI, lundi, en raison de son âge, a été accueillie par un concert d’éloges de personnalités politiques qui, à travers le monde, ont salué "une décision courageuse", preuve "d’un grand sens de la responsabilité". FRANCE 24 vous propose un tour d’horizon – non exhaustif – des chefs d’États qui, malgré leur âge avancé et leurs longs "règnes", n’entendent pas quitter les manettes du pouvoir.

Les increvables octogénaires

Robert Mugabe. Aujourd’hui âgé de 88 ans, le Zimbabwéen est arrivé au pouvoir en 1987, en héros anticolonial. Depuis, le "père de la nation" s’est mué en despote agrippé à son trône. Il est réélu en 1990, 1996 puis 2002. Mais peu à peu, la popularité de Robert Mugabe s’effrite. Sa gestion dictatoriale lasse les Zimbabwéens alors que le pays sombre dans le chaos économique et social. À l’issue du premier tour de l’élection présidentielle de 2008, son adversaire, Morgan Tsvangirai, annonce sa victoire. Mugabe verrouille la diffusion des résultats officiels et se lance dans une violente chasse aux partisans de Tsvangirai. "Dieu seul peut me retirer le pouvoir", prononce le dictateur lors d’une manifestation. Son rival boycotte le second tour de la présidentielle, que Mugabe, seul en lice, remporte.

Paul Biya. Il a fêté en novembre dernier, à 80 ans, ses 30 ans à la tête du Cameroun. En 1992, dix ans après son accession au pouvoir, il organise la première élection multipartite de l’histoire du Cameroun, poussé par un vent de révolte populaire qui souffle sur l’Afrique. Il la remporte de justesse. Réélu en 1997 puis en 2004 lors de scrutins entachés de fraudes, il modifie, en 2007, la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs. L’année suivante, "Popaul" - surnom dont l’ont affublé les Camerounais – parvient à sortir indemne des violentes émeutes de la faim, calmées par son exubérante épouse Chantal. Il remporte un nouveau scrutin présidentiel en 2011 avec près de 78 % des voix. Selon toute vraisemblance, il devrait se présenter une nouvelle fois en 2018. Dans ce pays très jeune, 70 % de la population n’a connu que lui à la tête de l’État.

Shimon Pérès. À 89 ans, le président israélien est le chef d’État le plus âgé du monde. Lauréat du Prix Nobel de la paix en 1994 avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, il a été élu à la présidence israélienne en 2007, une fonction essentiellement honorifique après une longue carrière politique au cours de laquelle il a notamment été nommé Premier ministre à deux reprises.
 

Le roi Rama IX de Thaïlande. Arrivé sur le trône au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le 9 juin 1946, le monarque âgé de 85 ans fêtera en 2013 sa 67e année de règne. Officiellement, ce roi vénéré par une large partie de la population n’est doté d’aucun pouvoir dans cette monarchie parlementaire : il règne, mais il ne gouverne pas. Cependant, il est intervenu à plusieurs reprises dans les affaires du pays, et voit, depuis quelques années, une contestation du système monarchique émerger.

La reine Elizabeth II d’Angleterre. Âgée de 86 ans, elle est montée sur le trône d’Angleterre il y a 61 ans, et règne également sur 15 autres pays du Commonwealth. Elle ne dispose d’aucune prérogative gouvernementale mais peut donner son avis sur les décisions prises par le gouvernement britannique. Elle ne semble pour l’heure guère disposée à céder son siège à son héritier, son fils Charles, lui-même âgé de 64 ans.

Les septuagénaires endurants

Silvio Berlusconi. À 76 ans, "il Cavaliere" est un cas un peu à part. Élu à trois reprises à la tête du Conseil italien – de 1994 à 1995, de 2001 à 2006, puis de 2008 à 2011 – il est finalement poussé vers la sortie par Bruxelles alors que le pays accuse une grave crise économique et financière. À contrecœur, il laisse le pouvoir au technocrate Mario Monti, 70 ans. Les analystes s’accordent alors à le considérer politiquement moribond. Cependant, le sulfureux Berlusconi, au cœur de scandales à répétition, n’a pas dit son dernier mot. Début 2013, il crée la surprise en annonçant sa candidature aux législatives anticipées, organisées en février.

Abdelaziz Bouteflika. À 75 ans, le président algérien, au pouvoir depuis 1999, s’est imposé en figure indéboulonnable de la scène politique algérienne. Élu en 1999 avec 73,8 % des voix, il renouvelle cette "performance électorale" en obtenant près de 85 % des voix en 2004. En 2008, il modifie la Constitution qui interdisait jusqu’alors au président de briguer plus de deux mandats consécutifs. L’année suivante, Bouteflika est réélu à la tête de l’Algérie avec plus de 90 % des suffrages. Bruyamment contesté en 2011, au moment du Printemps arabe, Bouteflika est parvenu à réduire au silence les voix discordantes. À en croire un communiqué de son parti, le FLN, rendu public en janvier, il serait prêt à rempiler pour un quatrième mandat en 2014.

Ali Khamenei. Âgé de 73 ans, le Guide de la révolution iranienne, fonction la plus élevée de la République islamiste d’Iran, tient les rênes du pouvoir depuis 1989. Il a été élu pour une durée indéterminée – potentiellement à vie – par l’Assemblée des experts, un collège de 80 religieux. Selon la Constitution, cette assemblée peut démettre le Guide suprême de ses fonctions si elle estime qu’il n’est plus apte à les exercer.

Joe Biden. Nombre d’observateurs prêtent à l’actuel vice-président américain des ambitions présidentielles pour la prochaine élection en 2016. Présent sur la scène politique des États-Unis depuis quatre décennies, l’homme sera alors âgé de 74 ans. Après 36 ans passés sur les bancs du Congrès en tant que sénateur de l’État du Delaware, l’homme a été nommé à la vice-présidence en 2008 par le chef d’État nouvellement élu, Barack Obama. Il a été confirmé dans ses fonctions au lendemain de la présidentielle de novembre 2012.

José Eduardo Dos Santos. Âgé de 70 ans, il préside l’Angola depuis 1979 et a modifié la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat de sept ans en 2017. Il fêtera alors ses 75 ans. Surnommé le "Machiavel de l’Afrique" en raison de son goût prononcé pour l’intrigue politique – celle-là même qui lui a valu sa longévité exceptionnelle au pouvoir – il avait assuré qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle d’août 2012. Il s’est finalement porté candidat, et a été élu à la faveur d’une très forte abstention.