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Accusée de plagiat, une ministre proche d'Angela Merkel démissionne

La ministre allemande de l'Éducation, Annette Schavan, a remis samedi sa démission à la chancelière Angela Merkel, qui l'a acceptée le "cœur lourd". La fidèle alliée d'Angela a été déchue de son doctorat pour cause de plagiat.

La ministre allemande de l'Education, Annette Schavan, déchue cette semaine de son
doctorat pour plagiat, a remis samedi sa démission à Angela Merkel pour éviter tout conflit d'intérêt.

"Annette Schavan m'a remis sa démission la nuit dernière", a annoncé la chancelière lors d'une conférence de presse à laquelle participait la ministre démissionnaire. "Je l'ai acceptée le coeur très lourd", a poursuivi Merkel, soulignant que sa ministre plaçait l'intérêt général au-dessus de son intérêt particulier.

Les conséquences politiques de ce nouveau départ, certes embarrassant, ne devraient pas être trop lourdes, estiment toutefois les commentateurs allemands.

A un peu plus de sept mois des législatives du 22 septembre, la CDU de Merkel est donnée à plus de 40% des intentions de vote dans les sondages, et la chancelière semble bien partie pour décrocher un troisième mandat à la tête du gouvernement fédéral.

Certains membres de la coalition au pouvoir ont cependant estimé que la ministre déchue avait été la cible d'une campagne politique visant à nuire au gouvernement avant les élections fédérales.

Pour Andreas Nahles, secrétaire général du Parti social-démocrate (SPD), premier parti d'opposition, la démission de Schavan démontre que le gouvernement approche "de sa fin".

Au nom des Verts, Jürgen Trittin, président du groupe écologiste au Bundestag, a rappelé que cet incident survenait à la suite de la défaite de la CDU le mois dernier dans le land de Basse-Saxe ou bien encore de la polémique autour d'un projet de
nouvelle gare à Stuttgart et a estimé qu'en cette année électorale, Merkel avait commis "un faux départ flagrant".

Le précédent Guttenberg

Annette Schavan, membre de la CDU (chrétiens-démocrates) et proche alliée de Merkel, s'est vu retirer mardi son doctorat par la commission de l'Université de Düsseldorf, qui a estimé qu'elle s'était livrée "systématiquement et intentionnellement"
au plagiat dans des passages entiers de la thèse qu'elle a soutenue avec succès en 1980.

Comme elle l'avait fait mercredi lors d'un déplacement en Afrique du Sud, elle a redit samedi qu'elle rejetait les conclusions de la commission universitaire et qu'elle saisirait
la justice pour obtenir la restitution de son doctorat.

Elle a du reste justifié samedi sa démission par le souci d'éviter tout conflit d'intérêt. "Si la ministre (de l'Education) que j'étais avait poursuivi en justice une université, cela aurait placé sous tensions mon cabinet, le ministère, le gouvernement et les chrétiens-démocrates. J'ai simplement voulu éviter cela", a-t-elle dit.

L'affaire ressemble en tous points au scandale qui a contraint à la démission, en 2011, le ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, lui aussi accusé de plagiat dans la rédaction de sa thèse.

Mais la position d'Annette Schavan était encore moins tenable, son ministère couvrant notamment les universités allemandes. La ministre démissionnaire n'avait en outre pas
épargné Guttenberg de ses critiques.

"Une ministre de l'Education dont il est prouvé qu'elle a gravement enfreint les règles universitaires ne peut rester à son poste", dénonçait cette semaine l'écologiste Renate Künast.

La presse allemande avait également tiré à boulets rouges sur elle. "Une ministre de l'Education qui triche pour sa thèse de doctorat, c'est comme si un ministre des Finances dissimulait clandestinement son argent en Suisse", comparait cette semaine
le journal Bild, plus fort tirage de la presse quotidienne allemande. "Il n'y a pas d'alternative pour elle."

REUTERS