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Deux responsables d'Ansar Dine et du Mujao arrêtés par le MNLA

Le MNLA a arrêté deux hauts responsables des groupes islamistes armés, ce week-end, à proximité de la frontière algérienne. Il s'agit du numéro trois d'Ansar Dine, Mohamed Moussa Ag Mouhamed, et d'Oumeïni Ould Baba Akhmed, du Mujao.

"Mohamed Moussa Ag Mouhamed, celui qui ordonnait de couper les mains (à Tombouctou), a été arrêté par un groupe armé", a annoncé une source de sécurité malienne jointe depuis Gao (nord-est). Il est présenté comme le numéro trois du mouvement Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) mais aussi comme le responsable de la "police islamique" qui faisait régner la terreur à Tombouctou, selon plusieurs témoignages locaux.

L’information a, par la suite, été confirmée par Abdoulaye Touré, un fonctionnaire du gouvernorat de Kidal. Selon lui, Mohamed Moussa est "l'idéologue d'Ansar Dine à Tombouctou, la tête pensante de l'organisation là-bas".

Selon les envoyés spéciaux de FRANCE 24 au Mali, Willy Bracciano et Maïssa Awad, un autre dirigeant islamiste a également été interpellé. Il s’agit d’un responsable du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), Oumeïni Ould Baba Akhmed, qui serait impliqué dans l’enlèvement de plusieurs otages français. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) serait à l'origine de l'arrestation des deux hommes, qui ont été transférés à Kidal.

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Précisions sur l'arrestation de deux responsables d'Ansar Dine et du Mujao
Deux responsables d'Ansar Dine et du Mujao arrêtés par le MNLA

La région de Kidal intensément bombardée

La zone de Tessalit, à 200 km au nord de Kidal, près de l'Algérie, a par ailleurs été la cible, dans la nuit de samedi à dimanche, "d'importantes frappes aériennes", selon le porte-parole de l'armée française, le colonel Thierry Burkhard.

Ce dernier a précisé que ces bombardements visaient "des dépôts logistiques et des centres d'entraînement" des groupes islamistes armés en lien avec Al-Qaïda.

Kidal et sa région constituent une zone particulièrement sensible pour les forces militaires déployées sur le terrain. Selon des experts et des sources de sécurité régionales, le massif montagneux des Ifoghas, autour de Kidal, abriterait une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes qui s'y seraient réfugiés.

Parmi eux se trouveraient l'Algérien Abou Zeïd, l'un des émirs les plus radicaux d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine, un ex-rebelle touareg malien des années 1990 originaire de Kidal qui connaît parfaitement la région.

Kidal, à 1 500 km de Bamako, a longtemps été le bastion d'Ansar Dine. Mais avant même l'arrivée dans la nuit du 29 au 30 janvier des soldats français qui ont pris le contrôle de l'aéroport de la ville, elle était passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA, groupe dissident d'Ansar Dine) et du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg).

Ces deux groupes ont affirmé soutenir l'entrée des soldats français à Kidal mais refusent la présence de militaires maliens et ouest-africains, notamment par crainte d'exactions contre les membres des communautés arabe et touareg de la ville, parfois assimilés aux groupes islamistes armés. Un petit contingent de soldats tchadiens (un État non membre de la Cédéao) est aussi déployé à Kidal.

Les otages français au Sahel "tout près"

C’est dans cette même région que seraient détenus les sept otages français au Sahel, selon le Quai d’Orsay. Évoquant leur sort samedi, François Hollande a jugé que "les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages", ajoutant que les forces françaises au Mali en étaient désormais "tout près".

Le président nigérien Mahamadou Issoufou a aussi déclaré dimanche que les quatre otages français enlevés au Niger, en septembre 2010, étaient "vivants" et qu'ils se trouvaient "probablement" dans le nord du Mali, "vers la frontière avec l'Algérie, dans les montagnes des Ifoghas".

Par ailleurs, "Papa François Hollande", comme l'ont surnommé les habitants de Tombouctou, a promis, durant sa visite au Mali samedi, que la France n'avait pas encore "terminé sa mission" face aux "terroristes" et assuré que les soldats français seraient au côté des militaires maliens pour, "plus au Nord, finir cette opération".

Bien qu’elle ait autorisé le survol de son territoire par les avions militaires français engagés au Mali, l’Algérie, pour sa part, s’est montrée quelque peu réservée. Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a estimé, dimanche, qu'en dépit du recul des islamistes, "les Maliens et ceux qui les aident" font encore face à des "problèmes" pour "rétablir la stabilité et la sécurité", sans réagir aux bombardements français dans la région de Kidal.

L'Algérie, qui partage près de 1 400 km de frontières terrestres avec le Mali, a toujours milité en faveur d'une solution politique pour régler le conflit dans ce pays.

FRANCE 24 avec dépêches