
Le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), Ahmad Mouaz al-Khatib, a rencontré les ministres russe et iranien des Affaires étrangères. Moscou et Téhéran ont salué la volonté du leader de l'opposition syrienne de dialoguer avec le régime Assad.
Pour la première fois, samedi 2 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rencontré le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), Ahmad Mouaz al-Khatib. L’entrevue fut organisée à Munich, en Allemagne, en marge de la Conférence internationale sur la sécurité à laquelle les deux hommes participaient.
À l’issue de la rencontre, la Russie s'est déclarée favorable à des "contacts réguliers" avec l'opposition syrienne, en saluant la volonté de son chef d'entamer un dialogue sous conditions avec le régime de Bachar al-Assad. La semaine précédente, le chef de l’opposition syrienne avait en effet annoncé, à la surprise générale, qu’il était prêt à entamer un dialogue avec le régime, à l'exception des dirigeants "ayant du sang sur les mains".
"Nous saluons cela. C'est un pas très important, si nous prenons en compte le fait que la Coalition avait pour fondement le refus" de ce dialogue, a déclaré Sergueï Lavrov. "Je pense que le réalisme l'emporte", a-t-il poursuivi.
De son côté, le président de la CNS a dit avoir reçu de Sergeï Lavrov "une invitation claire" à se rendre en Russie, qui est, avec l'Iran, le soutien le plus solide du président syrien Bachar al-Assad.
"La Russie a sa vision des choses mais nous accueillons avec satisfaction l'idée de négociations en vue de soulager la crise et il y a beaucoup de choses dont nous devons discuter", a dit Mouaz al-Khatib.
Moscou et Pékin, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, ont bloqué à trois reprises un projet de résolution condamnant la répression menée par le régime syrien de Bachar al-Assad.
Dialogue avec l’Iran
Le chef de l’opposition syrienne n’a pas hésité non plus à ouvrir le dialogue avec un autre soutien du régime syrien, l’Iran. Après une rencontre de 45 minutes avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, le chef de l'opposition syrienne a déclaré à Reuters : "Nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut trouver une solution pour mettre un terme à la souffrance du peuple syrien". Le chef de la diplomatie iranienne a fait savoir qu’il saluait la volonté du chef de l’opposition du dialoguer avec le régime.
La guerre en Syrie a été au cœur des nombreuses rencontres qui se sont tenues dans le grand hôtel de Munich où s'achève dimanche la 49e Conférence de Munich, le "Davos de la sécurité".
Sergueï Lavrov s'est ainsi entretenu également avec le vice-président américain, Joe Biden. Peu avant, les deux hommes avaient reconnu en public que de "profondes divergences" subsistaient entre eux sur les conditions de mettre fin au conflit qui a fait plus de 60 000 morts en près de deux ans.
Malgré ces désaccords, il "est important pour les deux pays de travailler ensemble dans l'intérêt de la paix internationale et de la sécurité, y compris en Syrie", a indiqué la Maison Blanche.
Joe Biden a par ailleurs exprimé son souhait que la communauté internationale renforce son soutien aux adversaires du régime Assad, qu'il a qualifié de "tyran déterminé à se maintenir au pouvoir" mais "plus capable de diriger la nation". "Nous travaillons ensemble, avec nos partenaires, pour qu'elle [l'opposition] devienne plus unie, plus solidaire", a déclaré le vice-président américain.
Présent à Munich, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, n'a quant à lui pas caché le fait qu'aucune solution ne fût en vue et que la Syrie "éclatait un peu plus chaque jour".
France 24 avec dépêches