Depuis le début de la crise il y a un an, près de 380 000 personnes ont fui le Nord-Mali. Le camp de Mangaizé, au Niger, accueille 5 000 réfugiés, dont des habitants de Kidal encore sous le choc. Reportage.
Roukaya n’a pas encore trouvé ses marques dans le camp de Mangaizé, dans le sud du Niger. Il y a moins d’une semaine, elle fuyait avec ses cinq enfants Kidal, ville de l’extrême nord-est du Mali qui était sous l’emprise des djihadistes puis du MNLA jusqu’à l’arrivée de l’armée française. Près de 5000 personnes, principalement des femmes et des enfants en état de sous-nutrition, sont réfugiées dans ce camp administré par le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR) et l’État nigérien.
Comme beaucoup, Roukaya dit craindre les représailles des milices et témoigne des exactions de bandes armées. "J'ai vu des gens entrer dans les maisons pour les piller. Ils prenaient les animaux, les tables, tout... Et on ne pouvait rien dire, rien faire. Donc la seule solution, c'était de chercher un endroit pour se réfugier", confie-t-elle au micro de FRANCE 24.
Instabilité et tensions
D’après d’autres témoignages, les rebelles n’empêchent pas les gens de partir des zones qu’ils contrôlent mais ils prennent aux réfugiés leur nourriture, leur argent ou tout objet de valeur. Ils confisquent aussi les véhicules privés, obligeant les réfugiés à parcourir de longues distances à pied ou à dos d’âne, a précisé à l’AFP la porte-parole du HCR Melissa Flemming.
Les humanitaires pourvoient les premiers besoins aux populations réfugiées et le HCR est en train de faire livrer au Mali une aide d'urgence pour 9 000 familles, ce qui représente environ 54 000 personnes, dont des couvertures, des jerrycans, des moustiquaires et des ustensiles de cuisine.
Ils tentent également de les rassurer tout en admettant redouter l’instabilité de la région et les tensions entre communautés ethniques au Mali. "Notre peur est une éventuelle arrivée des djihadistes dans le camp. Ça va perturber toutes nos activités. Ça va détériorer l'environnement sécuritaire qui ne nous permettrait pas de travailler. Ça nous fait peur", estime El Kassen Bah, directeur du bureau UNHCR de Ouallam.
Au total, 380 000 personnes ont fui le nord du Mali depuis de début du conflit il y a un an, dont 9 000 depuis le début des opérations militaires françaises le 9 janvier. Parmi elles, il y a 230 000 personnes déplacées dans le pays et plus de 150 000 réfugiés en Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso et en Algérie.