Conseil des ministres franco-allemand, séance extraordinaire au Bundestag, déclarations de Merkel et Hollande... Ce 22 janvier, qui marque le 50e anniversaire du traité de l’Élysée, a été ponctué d’événements célébrant l’amitié franco-allemande.
À l’occasion des célébrations du cinquantenaire de la réconciliation entre la France et l’Allemagne, les deux voisins ont annoncé des propositions communes d’ici le mois de mai afin de consolider l’union monétaire et d’approfondir l'intégration de l'Union européenne. "Ce que nous souhaitons avant tout, c'est renforcer la coopération économique", a déclaré Angela Merkel lors d'une conférence de presse avec François Hollande. "Cela ne demande pas des moyens ou des ressources supplémentaires, ça demande surtout un état d'esprit", a ajouté le président français.
Plus tôt dans la journée, les deux dirigeants ont présidé un conseil des ministres franco-allemand à l’issu duquel Paris et Berlin ont invité syndicats et patronnat des deux pays à coopérer afin d’améliorer la compétitivité de leurs économies respectives. "Nous leurs demandons de s'asseoir ensemble et eux aussi d'avancer des propositions", a dit Angela Merkel en saluant le "premier succès" obtenu sur ce dossier en France grâce à l'accord entre partenaires sociaux conclu le 11 janvier.
itDes députés français au Bundestag
Autre temps fort des célébrations, une séance de discussions de deux heures au Bundestag, le Parlement allemand, en présence d’un millier de députés dont environ 400 français. Prenant la parole tour à tour, François Hollande et Angela Merkel ont donné le coup d’envoi de la réunion en délivrant chacun un discours solennel sur les relations entre la France et l’Allemagne. Le président français a souligné qu'il fallait "cesser de voir l'amitié franco-allemande comme un long parcours tranquille", ajoutant qu’elle était "indissociable de la construction européenne."
Se voulant rassurant à l'égard des autres pays de l'Union européenne, il a affirmé que "cette amitié n'est pas exclusive, n'écarte personne". "Nous ne sommes pas devant les autres, mais c'est nous qui devons montrer la voie", a-t-il lancé.
Le chef de l'État a alors cité, parmi les chantiers à construire en commun, les transports, le numérique, la jeunesse ou encore l’énergie, assurant que Paris et Berlin n’avaient "pas la même politique énergétique mais la même exigence par rapport au réchauffement climatique".
itLa presse peu enthousiaste
Malgré la mobilisation d’une partie de la classe politique des deux pays, la presse allemande comme française sont restées globalement insensible à l'événement.
Si "Le Monde" et le "Süddeutsche Zeitung" ont décidé de publier une édition commune, "Bild," le quotidien le plus lu en Allemagne et en Europe, s’est contenté d'une brève en page 2 pour faire un récapitulatif des ministres allemands parlant français.
Sous le titre "Des amis étrangers", le quotidien "Berliner Zeitung" a expliqué que 85 % des Allemands et 72 % des Français ont une image positive du voisin. "Chez les Allemands domine la sympathie [envers le voisin français], chez les Français le respect. Ils sont devenus des amis étrangers les uns pour les autres", relève le journal.
Côté français, "Libération" a consacré sa une aux 50 ans de l'amitié franco-allemande en titrant "Paris-Berlin, un couple sans passion". "L'Humanité", pour sa part, parle de l’Allemagne mais pour dénoncer "un modèle qui bat de l'aile" tandis que "Le Figaro" ou "Le Parisien" relèguent le sujet en pages intérieures.
"Il y a une certaine indifférence mais ça ne m'étonne pas après 50 ans de mariage", a ironisé le cinéaste allemand Wim Wenders, qui a pris part, en début de matinée, à une manifestation culturelle en l’honneur des deux pays.
Bien que la presse ait émis des réserves quant à l’événement, la relation franco-allemande nouée grâce au traité de l'Élysée reste inédite à ce jour : nulle part ailleurs dans le monde, un tel binôme d'États ne dispose de structures bilatérales aussi denses et variées.
itFRANCE 24 avec dépêches