Le secrétaire au Trésor américain a détaillé son nouveau plan destiné à relancer le flux du crédit. Quelque 1 000 milliards de dollars pourraient être débloqués en vue de débarrasser les banques de leurs "actifs douteux".
Reuters - Les Etats-Unis ont proposé lundi d’aider les investisseurs privés à purger les bilans des banques de quelque 500 à 1.000 milliards d’actifs « toxiques » qui bloquent le crédit et aggravent la récession.
Après avoir déçu les marchés le mois dernier avec une simple évocation de partenariats public-privé, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, qui s’exprimera lors d’une conférence de presse à 12h45 GMT, va tenter de convaincre les investisseurs que son plan relancera le flux du crédit.
La réaction initiale des marchés à ses nouvelles annonces lundi a été favorable: la Bourse de Tokyo a fini en hausse de 3,39%, au plus haut depuis la fin janvier, les Bourses européennes progressent en fin de matinée de 1% à 2% tandis que les contrats à terme sur les indices de Wall Street sont en nette hausse (+2,5%).
« Si les autorités américaines réussissent effectivement à racheter 1.000 milliards de dollars d’actifs « toxiques », ce serait considéré comme une étape importante. Mais les marchés seront déçus si les mesures proposées ne définissent pas une manière de valoriser ces actifs », a déclaré Mamoru Yamazaki, économiste en chef chez RBS Securities.
« Deux ou trois investisseurs privés un peu sportifs suffiront-ils à absorber des montants aussi importants d’actifs toxiques? », commente Philippe Weber, stratège chez CPR Asset Management. « C’est typiquement le genre de circonstances où l’on achète la rumeur et j’espère que l’on ne vendra pas la nouvelle. »
Dans une tribune publiée lundi par le Wall Street Journal, Timothy Geithner explique que l’Etat fédéral va consacrer 75 à 100 milliards de dollars au lancement des partenariats public-privé et qu’il puisera les fonds dans son plan de sauvetage du secteur bancaire (Troubled Asset Relief Program, Tarp) de 700 milliards, approuvé en octobre par le Congrès.
Ces fonds publics devront être associés à des capitaux privés avec l’objectif initial de lever au moins 500 milliards de dollars, voire de doubler cette somme, avec le concours de l’autorité de régulation bancaire, la Federal Deposit and Insurance Corp (FDIC) et de la Réserve fédérale (Fed).
Geithner souligne la nécessité de nettoyer le secteur bancaire et de rétablir le fonctionnement normal du crédit.
« Espérer simplement que les banques purgeront ces actifs avec le temps risque de prolonger la crise et de répéter l’expérience japonaise », écrit-il en référence à la crise financière qui avait ébranlé l’Asie dans les années 1990.
Aux termes du plan élaboré par Geithner, en poste depuis moins de deux mois et objet de féroces critiques, notamment en raison de la gestion de l’affaire des primes chez l’assureur AIG , l’Etat apportera dans un premier temps la majeure partie des fonds afin de convaincre les investisseurs privés de se joindre à l’initiative.
Beaucoup d’investisseurs sont inquiets de la colère publique et politique dirigée à l’encontre de Wall Street et de la volonté des parlementaires d’interdire les primes et bonus dans les entreprises aidées par l’Etat fédéral.
« Les investisseurs hésiteront à s’engager dans un contexte où le Congrès s’attaque aux primes de Wall Street », a déclaré Sean Callo, spécialiste changes chez Westpac.
Toutefois, Blackrock , un des premiers gestionnaires d’actifs au monde, a déjà exprimé son intérêt pour le plan de Geithner.
« Il est absolument dans notre intention de nous impliquer comme gestionnaire d’actifs dans ce programme », a dit à Reuters Curtis Arledge, directeur exécutif chez Blackrock.
Une première partie du plan prévoit que l’Etat américain fournisse 50% à 80% du capital nécessaire pour monter un fonds et que la FDIC prête au partenariat jusqu’à six fois le montant de son capital de départ.
Un second volet destiné à vider les bilans bancaires des titres adossés aux crédits immobiliers prévoit que jusqu’à cinq groupes privés puissent investir avec l’assurance que l’Etat abonderait les fonds apportés à hauteur de 100% et fournirait des prêts représentant la moitié du montant global du fonds.
En instituant une concurrence entre les gestionnaires, a déclaré un membre de l’administration Obama, les pouvoirs publics assureraient la création d’un marché pour ces titres, actuellement illiquides.
Pour contribuer à délester le bilan des banques des crédits hypothécaires à risque, la Réserve fédérale devrait augmenter les financements apportés par le programme Talf (Term Asset-Backed Securities Loan Facility).
Le Talf, dont le montant initial a été fixé à 200 milliards de dollars, pourrait atteindre 1.000 milliards et accepter en collatéral des titres liés à des prêts d’immobilier résidentiels plus anciens ayant bénéficié dans le passé d’une note « triple A », la plus haute possible dans la grille de notation du crédit.
Selon un responsable de l’administration, l’approbation du Congrès ne sera pas nécessaire pour la mise en place de ce plan et les investisseurs concernés ne devraient pas être soumis à des conditions contraignantes en terme de rémunération des dirigeants.