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Au lendemain du dénouement tragique de la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas, la presse française constate l'internationalisation du conflit au Sahel et affirme que désormais Alger "ne pourra plus jouer double jeu".
Dans son ensemble, la presse française reconnaît vendredi la "fermeté" d'Alger dans le dénouement tragique de la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas et voit dans cette attitude une "internationalisation" du conflit au Sahel face au terrorisme.
"Depuis des mois, la France tire la sonnette d’alarme. L’Algérie a fini par évoluer", affirme Pierre Rousselin dans Le Figaro, car "il est désormais impossible d’ignorer ou de minimiser la poussée extrémiste dans l’ensemble de la région sahélienne".
Pour Vincent Giret de Libération, "il faut donc se féliciter des premiers signes
encourageants donnés par l’Algérie: elle a pour la première fois autorisé le survol de son territoire par les avions militaires français et assure qu’elle a fermé son immense frontière commune avec le Mali". Selon l'éditorialiste "si d’autres signes tangibles venaient confirmer cette politique de fermeté, il s’agirait d’un tournant, sinon d’une rupture".
"Le président Bouteflika avait-il le choix ?" s'interroge Hervé Cannet dans La Nouvelle République du Centre-ouest. "Alger ne peut pas faire preuve de faiblesse dès lors que la crise malienne peut entraîner des prises d’otages à répétition et que le danger est partout dans un Sahara qu’il est incapable de contrôler vraiment", estime-t-il.
Dans le Républicain lorrain, Philippe Waucampt souligne que "maintenant qu’elle a du sang sur les mains, l’Algérie ne pourra plus jouer double jeu comme avant".
"Et les Européens vont enfin devoir manifester une solidarité concrète, pour le moment largement défaillante", juge l'éditorialiste, constatant comme d'autres de ses confrères, une "internationalisation" du conflit au Sahel et une certaine réticence de la part des partenaires de la France.
"Si on ajoute l’électrochoc infligé hier aux nations occidentales et asiatiques par la prise d’otages et son issue tragique, la solitude française au Mali pourrait s’en trouver allégée", note Christophe Lucet dans Sud-Ouest.
"Tous les pays occidentaux comme ceux d’Afrique du nord ou de l’ouest ne peuvent plus traîner les pieds", affirme Ivan Drapeau dans La Charente Libre.
Pour lui, "l’Europe a le devoir d’enclencher collectivement la vitesse supérieure. La France ne peut se satisfaire du seul soutien logistique de l’Angleterre et de l’Allemagne".
"Jusqu'à présent, les États-Unis et nos partenaires européens, se sont contentés d'un service minimum derrière la France", le rejoint Hervé Favre dans La Voix du Nord, ajoutant que "la prise d'otages géante devrait les convaincre qu'Al-Qaïda au Maghreb menace beaucoup plus notre sécurité aujourd'hui que les talibans en Afghanistan".
Surtout à "l’heure où le bourbier afghan s’éloigne dans le rétroviseur" et qu'"un nouveau problème insoluble semble se présenter", écrit Laurent Marchand dans Ouest-France, qui prétend que l’administration Obama a manifestement tout fait, ces derniers mois, pour surveiller, au mieux et ne pas devoir intervenir".
Dans La Montagne-Centre France, Jacques Camus porte, pour sa part, un jugement sévère sur l'UE qui, si elle "craint au Mali un +Afghanistan européen+, qu’elle le dise sans hypocrisie". "S’il est fait reproche à la France d’avoir mis ses partenaires devant le fait accompli, qu’on ne feigne pas de la soutenir. L’heure n’est plus aux états d’âme", lance-t-il.
AFP