
Au quatrième jour de l'intervention française au Mali, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a rappelé que la France n'a pas vocation à agir seule au Mali et s'est félicité du soutien international "quasi-unanime".
Les quelque 550 soldats français déployés au Mali poursuivent l’offensive au quatrième jour d’intervention militaire. Retour sur les derniers événements marquants:
- Dans une conférence de presse ce lundi, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré que l'intervention de la France "s'inscrit dans le cadre strict d'une résolution internationale". Après avoir affirmé que "le cadre est celui de l'ONU, le demandeur est le Mali et les partenaires sont les pays africains", il a rappelé que la France bénéficie d'une "soutien quasi unanime" et de l'appui opérationnel de plusieurs pays. "La France n'a pas vocation à agir seule aux côtés des autorités de Bamako", a-t-il insisté. Il a précisé qu'une réunion exceptionnelle des ministres européens des Affaires étrangères se tiendrait cette semaine à Bruxelles pour décider d'une accélération de la mission de formation de l'UE auprès de l'armée malienne.
- L'Algérie a annoncé lundi soir la fermeture de sa frontière avec le Mali.
- Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) se disent "prêts à aider" la France dans son intervention militaire au Mali. Après s'être associé aux groupes islamistes en mars dernier pour conquérir le nord du pays, le MNLA, qui réclame aujourd'hui l'autodétermination de la région, en avait été évincé par ses anciens alliés.
- Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, a été reçu ce lundi matin au Quai d'Orsay, à Paris, par Laurent Fabius. "Nous avons fait le point sur la situation sur le terrain, sur l'apport des troupes africaines, sur la nécessité d'une action sécuritaire aujourd'hui et d'une action politique dans un futur proche", a précisé Laurent Fabius lors de sa conférence de presse lundi soir.
- Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a assuré que les opérations se déroulaient "favorablement" et étaient "conformes aux consignes de François Hollande".
Dans le Nord, l'armée française a bombardé les positions djihadistes dans la ville de Douentza. Les combattants islamistes avaient déjà fui la ville. À Gao, fief des rebelles, les insurgés se sont dispersés. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été tués lors d’intenses bombardements, dimanche 13 janvier. "Le bilan est lourd dans le camp des islamistes. Ils ont perdu énormément en logistique et des hommes. Le chiffre de 60 victimes n'est pas du tout exagéré à Gao. Le bilan est même certainement plus élevé", a indiqué un responsable régional de la sécurité. Dans l’Est, Le Drian affirme que la progression des djihadistes est totalement bloquée, tandis qu’au centre, la ville stratégique de Konna a été désertée par les terroristes. Pour les forces françaises, le point le plus critique se situe à l’Ouest, selon les dernières indications de Jean-Yves Le Drian. Les extrémistes y sont particulièrement dangereux et très armés.
- Malgré les lourdes pertes humaines et matérielles essuyées tout le week-end, les djihadistes poursuivent les combats. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a confirmé sur BFM TV la prise par les islamistes de la ville de Diabaly, située à environ 400 km au nord de Bamako, où des combats avaient été signalés lundi matin par des sources militaires maliennes et des habitants.

- Plus tôt dans la matinée, Abou Dardar, l'un des responsables du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a laissé entendre que les djihadistes dont les positions sont bombardées par les forces françaises pour la quatrième journée consécutive, pourraient s’en prendre à la France en représailles de son intervention militaire. "La France a attaqué l'islam. Nous allons frapper le cœur de la France", a-t-il déclaré. Selon un proche d’Abou Dardar le "cœur" de la France peut être "partout. À Bamako, en Afrique et en Europe".
- L'Otan, qui a salué "l'intervention très rapide" de la France et "les efforts de la communauté internationale", assure qu’il n’y a eu "aucune demande, aucune discussion (au sein de l'Otan) sur la situation au Mali, l'Alliance en tant que telle n'est pas impliquée dans cette crise", a déclaré sa porte-parole, Oana Lungescu.
- Plusieurs nations européennes, comme le Royaume-Uni et le Danemark, ont apporté leur "soutien pratique". Londres envoie deux avions pour "aider à transporter rapidement vers le Mali des troupes étrangères et des équipements". En revanche, "aucun personnel britannique en situation de combat" ne sera déployé sur place, selon un communiqué de Downing Street. La mission a débuté ce lundi à partir de la base aérienne 105 d'Evreux "qui servira de plate-forme d'appui en France pour acheminer le fret", a précisé à l'AFP le colonel Jean-Pascal Breton, chef du Sirpa Air [Service d'information et de relations publiques de l'armée de l'air, ndlr].

- Dimanche,Washington a également annoncé sa participation : "Les Américains vont nous seconder dans cette opération, à la fois en terme de renseignement et en terme de soutien logistique et de ravitaillement en vol, donc il y a une solidarité totale de la part des États-Unis", a déclaré Jean-Yves Le Drian.
- François Hollande, a appelé à la mobilisation rapide des troupes de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dans le cadre d'un mandat conféré par la résolution 2085 adoptée en décembre par le Conseil de sécurité de l'ONU.
- Le président ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays exerce la présidence tournante de la Cédéao, a enclenché la procédure permettant l'envoi de 3 300 militaires ouest-africains promis notamment par le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso et le Togo qui enverront 500 hommes chacun. Le Bénin a annoncé, pour sa part, la mobilisation de 300 hommes en renfort. Cependant, les experts militaires doutent de la capacité des troupes africaines à reconquérir le nord du Mali. Le Nigeria, qui devrait pourtant prendre la tête de la force de la Cédéao et envoyer 600 hommes, a lui-même laissé entendre qu'il faudrait du temps pour équiper et former ce contingent.
- Outre Gao où les raids ont été conduits par quatre avions de chasse Rafale, les frappes aériennes françaises des trois derniers jours ont également ciblé une importante base islamiste près de Kidal, à plus de 1 500 kilomètres de Bamako. Un autre camp de combattants djihadistes a été visé à Léré, près de la Mauritanie, ainsi que plusieurs cibles dans la localité de Douentza, à 800 kilomètres au nord de la capitale Bamako, selon des témoins et une source de sécurité locale cités.
FRANCE 24 avec dépêches