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Une querelle autour de l'Union Jack plonge Belfast dans la violence

Pour la quatrième nuit consécutive, Belfast a connu des heurts entre loyalistes et forces de l'ordre. En cause : le retrait du drapeau britannique du sommet de la mairie et de plusieurs bâtiments gouvernementaux.

La spirale de la violence n’est pas prête de s’arrêter en Irlande du Nord, où de nouveaux incidents ont éclaté, dimanche soir à Belfast, pour la quatrième journée consécutive, entre de jeunes protestants et les forces de l’ordre. Divers projectiles, notamment des briques, des bouteilles et des engins incendiaires, ont été lancés en direction de la police dans plusieurs rues de la ville, selon cette dernière. Depuis jeudi, ces batailles rangées se sont déjà soldées par 70 arrestations et une cinquantaine de blessés parmi les agents anti-émeutes.

Cette situation de crise qui perdure depuis le 3 décembre résulte d'une décision controversée du conseil municipal de Belfast, la capitale de la province britannique d'Irlande du Nord, de ne plus faire flotter en permanence l'Union Jack sur l'hôtel de ville et sur plusieurs bâtiments gouvernementaux de la capitale nord-irlandaise. Plus précisément, le drapeau britannique n'y sera hissé que 17 jours par an. Cette décision controversée, qui met fin à une tradition vieille d'un siècle, répondait à un vote d'élus, pour la plupart proches de la République d'Irlande. Une mesure qui a provoqué le courroux de protestants loyalistes, partisans du maintien de l'Irlande du Nord dans le Royaume-Uni, qui ont, depuis, multiplié les violences.
Ces derniers prévoient même d’aller manifester leur colère à Dublin, en Irlande, en fin de semaine prochaine, ce qui fait craindre un remake de la marche "Love Ulster" de 2006. Destinée à commémorer les victimes de l'IRA, celle-ci avait alors dégénéré en émeutes dans la capitale irlandaise.
Politiques et religieux tentent de trouver une issue
Dimanche toujours, des discussions entre représentants de plusieurs partis politiques et religieux ont été ouvertes dans une église de Belfast pour mettre fin à la crise. Mais leur marge de manœuvre semble étroite. "Nous avons besoin que les gens qui gardent la tête froide réfléchissent ensemble", a déclaré Robin Newton, du Parti unioniste démocrate (DUP). "Nous devons trouver une issue mais comment... je ne sais pas", a-t-il ajouté, notant l'absence de revendications claires des émeutiers. De son côté, Michael Copeland, député du Parti unioniste d'Ulster, s'est quant à lui dit pessimiste, en l'absence de leader déclaré parmi les manifestants : "Il n'y a, semble-t-il, aucune personne à laquelle nous puissions nous adresser", a-t-il affirmé.
La Fédération des policiers d'Irlande du Nord (PFNI) a pointé un doigt accusateur contre les organisations paramilitaires pro-britanniques, accusées d'encourager et d'exploiter les incidents. "Il est tout à fait clair qu'il existe des membres importants de la Force des volontaires de l'Ulster [UVF, milice paramilitaire protestante, NDLR] qui exploitent, organisent et orchestrent ces violences dirigées contre des policiers déployés pour tenter de faire respecter la loi et empêcher l'anarchie dans nos rues", a déclaré le président de la PFNI, Terry Spence, au micro de la BBC.
L’Irlande du Nord, province britannique semi-autonome, a connu 30 années de violences interconfessionnelles au cours desquelles quelque 3 500 personnes ont été tuées. Depuis la signature des accords du Vendredi saint en 1998 et la formation d’un gouvernement composé de protestants et de catholiques, la tension est considérablement retombée dans la région. Cependant, les profondes divisions au sein de la société nord-irlandaise sont, elles, toujours présentes dans les esprits. Comme en témoignent des incidents intercommunautaires sporadiques, notamment début septembre, lorsque des loyalistes ont violemment affronté les forces de l’ordre trois jours durant, blessant, entre autres, plusieurs dizaines de policiers.

 (Avec dépêches)