Le retrait des troupes de l’Otan d’Afghanistan va-t-il laisser un pays économiquement viable ? Malgré les obstacles, de nombreux Afghans ont fondé leur propre société, avec plus ou moins de succès. Nos reporters se sont rendus à Herat, poumon économique du pays.
Le but de ce reportage était double : montrer la fragilité de l'économie afghane après dix ans d'interventions étrangères, mais aussi présenter un autre visage de ce pays, différent des images d'attentats et autres violences - que ce soit le championnat de football du pays ou Zarang, la première entreprise locale de motos.
Nous nous sommes rendus à Herat, le poumon économique de l'Afghanistan. C'est là que se trouve la chaîne de montage de ces motos à trois roues qui circulent sur les routes les routes défoncées du pays. L'idée était de présenter une des rares "success stories" économiques afghanes. Nous aurions pu choisir certaines entreprises de l'agro-alimentaire qui fabriquent des produits laitiers, des conserves, des biscuits... Mais les motos à trois roues avec leurs remorques sont bien plus visuelles, plus originales et plus symboliques du renouveau afghan.
Le championnat de football s'est aussi imposé naturellement. C'était la première édition et cette séquence aurait pu faire un sujet à part entière - de la sélection des joueurs dans les provinces les plus reculées jusqu'à cette finale jouée à deux pas du Stade olympique de Kaboul, lequel servait aux exécutions publiques sous les Taliban. Le résultat : une véritable fête populaire et, comme le souligne l'ambassadeur américain présent ce jour-là, l'espoir de voir un nouvel Afghanistan émerger.
L'idée de ce sujet est venue avec l'histoire d'une usine de bottes en faillite. Elle résume à elle seule toutes les difficultés qui vont se présenter aux entreprises afghanes : départ des troupes étrangères, fin des subventions, manque de compétitivité... Son patron a tout perdu, alors que l'armée américaine vantait, il y a encore deux ans, ce modèle de développement. Désormais, il est menacé par les Taliban et n'a qu'une envie : fuir le pays.
Enfin, la dernière partie, autour de la foire exposition de Kaboul, permet de donner le point de vue des autorités. Au départ, les médias devaient pouvoir filmer Hamid Karzaï inaugurer l'exposition - une occasion rare d'approcher le président afghan. L'objectif était de lui poser à la volée les questions qui fâchent, surtout en ce qui concerne la corruption. Mais en raison du nombre de journalistes présents, le service de presse a tout annulé. Le responsable de l'Agence d'investissement a donc pris soin, seul, de reconnaître la totale dépendance de l'économie afghane aux aides de la communauté internationale.