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Le Nouvel An persan endeuillé par des attentats meurtriers

Des dizaines de civils ont trouvé la mort dans une série d'attentats perpétrés aux quatre coins du pays, où l'on célèbre le Nawroz. Réunis à Mazar-i-Shari, plus de 100 000 personnes ont lancé un appel pour la paix entre tous les Afghans.

AFP - L'Afghanistan a fêté samedi un Nouvel an accompagné d'espoirs de paix mais endeuillé par des violences meurtrières, avec onze morts dans quatre attentats et des dizaines de tués depuis jeudi, au cours des journées les plus sanglantes depuis le début de l'année.

Plus de 100.000 Afghans venus de toutes les régions se sont réunis à Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord du pays, pour fêter le Nouvel an persan, ou Nawroz (le "jour nouveau"), qui coïncide avec l'équinoxe de printemps.

De toutes ethnies, Pachtounes, Tadjiks, Hazaras ou Ouzbeks, ils appelaient de leurs voeux "la paix pour le peuple afghan", mais aussi le départ des soldats étrangers, cible d'une colère grandissante de la population qui ne pardonne pas la mort de nombreux civils, notamment dans les frappes aériennes.

Des milliers de personnes se sont également rassemblées autour d'un temple à Kaboul, pour célébrer l'an 1388 du calendrier persan.

Mais ces festivités n'ont pas empêché les violences de se poursuivre, avec notamment deux attentats dans l'est de l'Afghanistan, après la mort de dizaines de personnes, policiers afghans, soldats étrangers, civils et insurgés, à travers le pays depuis jeudi.

Un attentat-suicide à la camionnette piégée contre un poste de police, revendiqué par les talibans, a tué un policier et cinq civils dans la province de Nangarhar.

Le président Hamid Karzaï a affirmé que les auteurs de cet attentat, "en menant cette action terroriste le jour où les Afghans célèbrent le Nouvel an en paix, ont montré qu'ils n'ont d'autre but que de détruire l'Afghanistan".

Le kamikaze avait semble-t-il l'intention de pénétrer dans la capitale provinciale, Jalalabad, pour y commettre un attentat, mais il a été arrêté par le dispositif de sécurité renforcé à l'occasion du Nouvel an, selon des responsables locaux.

Quelques heures plus tard, dans la province de Khost, un engin a explosé dans une foule de plusieurs centaines d'hommes rassemblés pour fêter Nawroz autour d'un temple.

Deux personnes ont été tuées et quatre blessées, a déclaré à l'AFP le chef de la police de la province, Abdul Qayoom Bakizoi. Il a ajouté que la bombe, placée au bord d'une route, avait été actionnée lorsqu'un 4X4 a roulé dessus.

Des témoins ont affirmé que l'attentat, qui n'a pas été revendiqué, semblait être l'oeuvre d'un kamikaze.

Enfin deux bombes ont explosé samedi sur des routes dans la province de Kandahar, dans le sud. L'une a tué un civil, l'autre a soufflé une voiture, tuant deux personnes, selon le gouvernement provincial.

L'est et le sud de l'Afghanistan sont les deux régions où l'insurrection menée par les talibans, au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, est la plus active.

75.000 soldats étrangers sont déployés en Afghanistan, au sein de deux forces multinationales, pour combattre cette insurrection qui ne cesse de s'intensifier alors que le pays s'apprête à élire le 20 août son nouveau président.

La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), sous commandement de l'Otan, a vécu vendredi une journée particulièrement sanglante avec cinq morts dans le sud du pays, dont quatre soldats canadiens tués par deux bombes artisanales dans la province de Kandahar.

Le général néerlandais Mart de Kruif, qui commande les troupes de l'Otan dans le sud de l'Afghanistan, a prédit vendredi une hausse temporaire des violences dans cette région, en riposte à l'arrivée prochaine en renfort de 17.000 soldats américains. Il a ajouté tabler sur "une nette amélioration" l'an prochain.