Andry Rajoelina doit prendre officiellement ses fonctions de président ce samedi. La Cour suprême, qui lui avait confié les pleins pouvoirs, parle aujourd'hui "d'installation d'un président de transition" et non d'investiture.
La situation se complique pour le nouveau président malgache, Andry Rajoelina. Les États-Unis, qui avaient déjà qualifié, jeudi, sa prise de pouvoir de "non démocratique", ont haussé le ton.
Vendredi, Washington a rejoint la position européenne et dénoncé un "coup d’État", annonçant dans la foulée la suspension de son aide non humanitaire.
Plus tôt dans la journée, le président français Nicolas Sarkozy avait lui aussi employé les mêmes termes et souhaité une sortie de crise rapide.
"Je regrette beaucoup l'évolution à Madagascar, j'appelle à des élections le plus rapidement possible, c'est la seule façon de sortir de l'imbroglio", a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue d'un sommet européen.
Mais contrairement aux États-Unis, la France, premier bailleur de fonds de Madagascar, maintient sa coopération économique et son aide à la population malgache.
L’Union africaine (UA), réunie vendredi à Addis-Abeba (Ethiopie), a pour sa part décidé de suspendre Madagascar de l’organisation, estimant l’arrivée au pouvoir d’Andry Rajoelina "anticonstitutionnelle".
Une sanction "logique", selon Emmanuel Goujon, correspondant de FRANCE 24 dans la région. "Par principe, l'UA condamne toute prise de pouvoir anticonstitutionnelle. La suspension est quasi-automatique", rappelle-t-il.
Jeudi, le nouveau président malgache avait suspendu les a ctivités de l’Assemblée nationale et du Sénat, une décision qui a "choqué" les responsables du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, selon Goujon.
La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dont Madagascar est membre, veut organiser un sommet d'ici à la fin du mois pour discuter d'éventuelles sanctions contre l’île, après avoir refusé de reconnaître le nouveau président.
Le nouveau pouvoir malgache se défend d'avoir commis un coup d'État
De son côté, le nouveau pouvoir malgache se défend d’avoir commis un "coup d'État" contre l'ex-président Marc Ravalomanana, contraint à la démission mardi.
"Nous ne pensons pas que c'est un coup d'Etat. C'est l'expression directe de la démocratie, quand la démocratie représentative ne s'exprime pas à travers les institutions", a déclaré à l'AFP, à Antananarivo, le Premier ministre de transition, Monja Roindefo.
Le nouveau président, qui fêtera samedi son investiture, a pris soin d’inviter tous les ambassadeurs. Mais à la suite des nombreuses critiques internationales, Virginie Herz, envoyée spéciale de France 24 à Madagascar, estime que "la représentation diplomatique pourrait être très légère", lors de l’évènement.