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Depuis Luanda, le pape fait la leçon aux dirigeants africains

Après avoir tenu des propos controversés sur le préservatif et le sida, Benoît XVI, qui achève sa tournée africaine, a invité, vendredi, les dirigeants du continent à tout mettre en œuvre pour éradiquer la corruption et la violence.

Reuters - Benoît XVI a incité vendredi les dirigeants africains à éradiquer la corruption et la violence et à promouvoir une presse libre s'ils veulent vraiment transformer leur continent.

Lors d'une rencontre avec les membres du gouvernement angolais et des diplomates du continent, lors de la deuxième et dernière étape de sa première tournée africaine, le pape n'a pas pris de gants et évoqué devant eux les graves maux dont souffre l'Afrique.

"Avec les armes de l'intégrité, de la magnanimité et de la compassion, vous pouvez transformer ce continent et libérer votre peuple du fléau de la cupidité, de la violence et des troubles, et le mener sur la voie balisée des principes indispensables à chaque démocratie civile moderne", a-t-il dit.

Benoît XVI a énuméré ensuite ces principes: "respect et promotion des droits de l'homme, une gouvernance transparente, une justice indépendante, une presse libre, la démocratie civile, un réseau d'établissements scolaires et d'hôpitaux performants et, surtout, une détermination puisée dans la conversion des coeurs pour extirper une bonne fois pour toute la corruption".

Selon le rapport 2008 de l'ONG Transparency International, l'Angola se classe 158e sur 180 au classement des pays les moins corrompus.

Il y a quelques semaines, la fille du président angolais Jose Eduardo dos Santos a accusé les oligarques de porter atteinte à l'économie nationale.

Une centaine de personnes proches du président angolais et du parti MPLA au pouvoir contrôlent l'essentiel de la richesse d'un pays où les deux tiers de la population vivent toujours avec moins de deux dollars par jour.

Un message pour la RDC

Accueilli à son arrivée par le président dos Santos, le pape avait lancé un appel à la paix dans ce pays marqué par près de 30 ans de guerre civile.

"Chers Angolais, votre terre est prolifique et votre nation puissante. Tirez parti de ces avantages pour oeuvrer à la paix et à la compréhension entre les peuples", a-t-il déclaré.

Alors qu'il survolait la République démocratique du Congo en provenance du Cameroun, le souverain pontife a également adressé un message de réconciliation aux Congolais et à leur président Joseph Kabila.

Un demi-million d'Angolais sont attendus dimanche à la messe en plein air qu'il doit célébrer. Son prédécesseur Jean Paul II s'est rendu en Angola en 1992, à la faveur d'un accord entre les autorités et l'Unita. La guerre civile devait reprendre par la suite, après des élections contestées par le mouvement rebelle.

Le conflit, qui s'est achevé en 2002, a fait un demi-million de morts et plusieurs millions de déplacés. Portée par ses exportations de pétrole et de diamants, l'ancienne colonie portugaise, catholique à plus de 60%, a connu depuis une croissance économique rapide, mais aux bienfaits très inégalement partagés.

"Dans les frontières de l'Angola, il y a malheureusement toujours trop de pauvres qui réclament le respect de leurs droits. On ne doit pas oublier la multitude d'Angolais qui vivent sous le seuil de pauvreté absolue", a souligné le pape.

Le tollé suscité par ses récents propos sur le préservatif ne manqueront pas de faire réagir en Angola, où les autorités ont lancé un vaste programme de promotion de son usage pour faire face à la maladie.

Dans l'avion qui le conduisait mardi à Yaoundé, le souverain pontife a estimé que la distribution de préservatifs n'était pas une solution mais une partie du problème.

Selon Luanda, seuls 2,1% des 16,5 millions d'Angolais sont séropositifs. Ce chiffre, sans commune mesure avec ceux des pays voisins, serait dû à la guerre civile, qui aurait empêché la propagation du virus.