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Jugée trop attirante par son patron, une Américaine est licenciée

Assistante dentaire, Melissa Nelson a été licenciée en 2010 par son patron qui estimait que ses tenues et son physique trop aguicheurs représentaient une menace pour son mariage. La Cour suprême de l’État d’Iowa vient de donner raison au dentiste.

Après dix ans de bons et loyaux services en tant qu’assistante dentaire, Melissa Nelson, mère de famille américaine de 32 ans, a été remerciée, le 4 janvier 2010, par son patron, le docteur James Knight. Son crime : être trop jolie. La jeune femme attaque alors le dentiste pour discrimination sexuelle, considérant que si elle avait été un homme, il en aurait été autrement.

Deux ans de bataille judiciaire plus tard, la Cour suprême de l’État d’Iowa s’est prononcée en appel, le 21 décembre, en faveur de l’accusé. La décision peut paraître "injuste" mais elle n’est "pas illégale", ont unanimement estimé les juges, uniquement de sexe masculin. Selon eux, il ne s’agit en aucun cas de discrimination sexuelle.

"Le fait que les sept hommes de la Cour suprême de l’Iowa n’aient pas compris [le cas de Melissa Nelson] est choquant et démoralisant. Cela souligne la nécessité de diversifier le profil des juges en termes de genre, d’origine et de vécu", a déclaré l’avocate de Melissa Nelson, Me Paige Fiedler.

"Une menace" pour le mariage de son patron

Mais du côté de la défense, on salue une décision cohérente. "Nous avons toujours insisté sur le fait que Madame Nelson n’a pas été licenciée à cause de son sexe mais parce que le Dr Knight trouvait son comportement et ses tenues vestimentaires inappropriés", explique l’avocat du dentiste, Stuart Cochrane. Bien qu’il la considère comme "la meilleure assistante qu’il ait jamais eu", pour James Knight, la jeune femme était devenue "une menace pour son mariage".

Melissa Nelson, quant à elle, se dit "atterrée". "Après avoir travaillé tant d’années à ses côtés, je ne pouvais pas imaginer que de telles pensées lui traversaient l’esprit", assure la trentenaire, "dévastée" par la décision de la Cour suprême.

La jeune femme affirme avoir toujours porté des blouses avec de simples t-shirts à manches longues ou courtes. "Mon comportement n’a jamais changé. J’ai toujours aimé mon travail et travaillé dur", a-t-elle confié lors d’un entretien accordé à CNN.

"C’est comme posséder une Lamborghini et la laisser au garage"

Toutefois, un an et demi avant le licenciement, la nature des relations entre Melissa Nelson et le Dr Knight avait franchi un cap. Selon des documents de la Cour, le dentiste avait commencé à tenir des propos désobligeants quant à la vie sexuelle de son employée dont il connaissait visiblement quelques détails et qu’il jugeait trop calme à son goût. "C’est comme posséder une Lamborghini et la laisser au garage !", avait-il lancé. Le Dr Knight a également reconnu avoir dit à Melissa Nelson que si cette dernière avait vu "son pantalon gonfler, elle aurait compris que ses tenues étaient trop provocantes".

Tous deux ont, malgré tout, noué une relation de plus en plus proche. Ainsi, sur leurs six derniers mois de collaboration, Nelson et Knight avaient pris l'habitude de s'échanger des SMS. S’il s’agissait principalement de banalités, Melissa Nelson a tout de même mentionné auprès de la Cour un message dans lequel son patron lui demandait la fréquence de ses orgasmes. Gênée, la jeune femme n’avait alors pas répondu.

C’est en découvrant, fin 2009, les échanges entre Nelson et Knight, que l’épouse du dentiste, Jeanne, a sommé son mari de licencier l’assistante.

Une femme "mariée et heureuse en ménage"

Après que Jeanne Knight a découvert les vues de son époux sur l’assistante, le couple s’est tourné vers le pasteur de leur église. Pour protéger son mariage, il conseille alors au dentiste de mettre fin à sa collaboration avec Melissa Nelson.

"Notre relation avait un peu dépassé le cadre professionnel mais j’étais également en contact avec le reste de sa famille", a précisé Melissa Nelson à CNN, affirmant qu’elle n’avait jamais eu de relation sexuelle avec son patron. Et d’ajouter : "Je suis une femme mariée et heureuse en ménage !"

"Cette décision de justice envoie un message, celui que tous les hommes peuvent, impunément, faire ce qu’ils veulent dans le monde du travail", a déploré, lors d’une interview sur ABC, Melissa Nelson pour qui les recours sont désormais limités, la Cour suprême d’État étant l’autorité finale du pouvoir judiciaire américain dans ce type d’affaire.