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Au Fayoum, les Égyptiens s’apprêtent à voter "Oui" à la Constitution

Les Égyptiens de 17 gouvernorats se sont rendus aux urnes pour la deuxième et dernière phase du référendum sur le projet de nouvelle Constitution. Reportage dans la ville de Fayoum, au sud du Caire, où le "Oui" a toutes les chances de l’emporter.

La fièvre électorale s’est emparée de toute la ville de Fayoum, située dans le centre du pays, à l'occasion de la deuxième et dernière phase du référendum concernant le projet de Constitution défendu par les Frères musulmans. Depuis ce matin 8 heures, ses habitants sont nombreux à se rendre aux urnes pour leur affirmer leur soutien. 

"À partir de maintenant, les pauvres auront une assurance maladie, commente Ramadan Saad, un habitant de Fayoum qui affirme n’appartenir à aucun parti. Pour moi, c'est un grand privilège car je n'en ai jamais eu."

Des avantages sociaux qui incitent à voter "Oui", estiment de nombreux Égyptiens, toutes communautés confondues. "Je suis chrétienne et je suis totalement pour, indique Wafaa Guirguiss. Cela va ramener la sécurité et la stabilité dans le pays."

Le projet de Constitution vise à doter le pays d'un cadre institutionnel stable censé, selon ses partisans, refléter les changements intervenus dans le pays depuis la chute d'Hosni Moubarak, au début de 2011. "Selon la volonté de Dieu, tout le monde à Fayoum va voter pour la Constitution", affirme Mohamed Gaber Mahmoud, issu de la confrérie des Frères musulmans.

80 % des électeurs avaient voté pour Morsi à la présidentielle

En effet, dans cette ville où environ 80 % des électeurs avaient voté pour Mohamed Morsi lors de l’élection présidentielle de juin, le "Oui" devrait l’emporter. Selon Mohamed Gaber Mahmoud, le Parti de la liberté et de la justice des Frères musulmans a imprimé 100 000 copies de la Constitution et les a distribués gratuitement aux Égyptiens.

Pour les partis d’opposition, les islamistes tentent surtout d’acheter des voix dans les régions rurales avec de la nourriture et de mener campagne dans les mosquées. L’opposition rejette le projet de Constitution, estimant qu’il ouvre la porte à une islamisation accrue et présente de graves lacunes en matière de protection des libertés.

Ce référendum se tient dans un contexte de grave crise économique. Les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI) et conduit Morsi à geler des hausses de taxes.

Selon les résultats non officiels de la première phase du scrutin, 57 % des électeurs ont voté "Oui", samedi dernier. Un vote entaché de fraudes et de nombreuses irrégularités, selon l'opposition... Les résultats officiels du vote, étalé sur deux jours en raison du boycott de nombreux magistrats, ne devraient pas être annoncés avant lundi par la commission électorale.