Après la fusillade meurtrière de Newtown, dans le Connecticut, un énième débat sur les armes à feu s'est ouvert aux États-Unis. Le président américain, Barack Obama, a appelé à des "actes significatifs" pour empêcher des tragédies similaires.
La tuerie de l'école de Sandy Hook dans le Connecticut vendredi, qui a fait 27 morts dont 20 enfants, poussera-t-il Washington à légiférer sur les armes à feu ? Après une année particulièrement sanglante, le débat est réactivé au plus haut niveau.
Plusieurs fusillades ont entaché le mandat du président Barack Obama depuis 2009, dont l'attaque contre l'élue Gabrielle Giffords, grièvement blessée à la tête en 2011, et la fusillade dans un cinéma d'Aurora dans le Colorado cet été, qui avait fait 12 morts dont le tireur.
Mais Barack Obama ne s'est pas contenté d'exprimer ses condoléances aux familles des victimes vendredi: les larmes aux yeux, il a promis des "actes significatifs" pour empêcher des tragédies similaires de se reproduire.
La Maison Blanche avait dans un premier temps déclaré que ce n'était "pas le jour" pour engager le débat, à quoi l'élu démocrate Jerrold Nadler avait immédiatement répondu à l'instar de nombreux Américains sur Twitter: "si ce n'est pas le moment d'avoir une discussion sérieuse sur le contrôle des armes, je ne sais pas quand cela arrivera".
"Encore une personne instable qui a eu accès à des armes à feu et commis un crime horrible contre des enfants innocents", ajoute-t-il. "Je mets le président Obama, le Congrès et le public américain au défi d'agir au-delà du choc, et d'enfin faire quelque chose".
Le maire de New York, Michael Bloomberg, militant de longue date d'un renforcement des réglementations sur les armes, a appelé vendredi le président à "envoyer un projet de loi au Congrès", en plus de ses condoléances.
"Nous avons déjà entendu la rhétorique. Ce que nous n'avons pas vu, c'est du leadership, ni de la part de la Maison Blanche, ni du Congrès. Cela doit s'arrêter aujourd'hui", a-t-il écrit sur le compte Twitter de la ville.
Second Amendement
Après une autre tuerie contre un temple sikh, cet été, la Maison Blanche avait rappelé que la position du président en la matière restait de s'assurer que ceux qui ne sont pas autorisés à porter des armes ne puissent pas s'en procurer, tout en garantissant aux autres Américains le droit inscrit dans la Constitution à posséder des armes --le fameux Second Amendement défendu bec et ongles par le lobby des armes.
Mais le président a besoin du Congrès pour avancer, et jusqu'à présent l'opposition des républicains rendait impossible toute réforme des lois fédérales réglementant le commerce des armes. C'est le cas notamment de la réintroduction de l'interdiction des armes d'assaut votée durant le mandat du démocrate Bill Clinton, dans les années 1990, mais qui a expiré en 2004 sous son successeur républicain George W. Bush.
Les défenseurs du Second Amendement, eux, sont rodés. Comme à chaque tuerie, ils confient leur choc et rappellent que la solution n'est pas à chercher du côté de nouvelles restrictions sur les ventes d'armes semi-automatiques dites d'assaut.
Les armes automatiques, elles, restent interdites à la vente.
"Nous déplorons la mauvaise utilisation des armes à feu", explique à l'AFP Alan Gottlieb, fondateur de la Fondation pour le Second Amendement.
"Mais il y a un bon côté aux armes qu'on ne doit pas oublier. Ce qui me reste en travers de la gorge, c'est que tous ces crimes complètement fous se sont déroulés dans des lieux où il est interdit d'avoir des armes", poursuit-il, estimant que les adultes des écoles devraient avoir le droit d'être armés.
"Je suis sûr que la personne qui a commis cet horrible crime savait qu'il pouvait y aller et que personne ne pourrait l'arrêter".
De nombreux élus démocrates du Congrès commençaient vendredi à lancer un nouvel appel à légiférer.
La puissante sénatrice Dianne Feinstein a dit espérer que la prochaine session du Congrès, dès janvier, verrait l'éclosion d'un nouveau débat sur "la culture des armes" aux Etats-Unis.
AFP