
Benjamin Netanyahu, vainqueur des élections législatives du 10 février, a obtenu un délai supplémentaire de quinze jours pour convaincre le Parti travailliste de participer à un gouvernement de coalition.
AFP - Le Premier ministre israélien pressenti de droite Benjamin Netanyahu a obtenu vendredi du président Shimon Peres un délai supplémentaire de deux semaines pour former un gouvernement le plus large possible.
M. Netanyahu entend exploiter ce délai supplémentaire que lui confère la loi pour convaincre le parti travailliste (centre gauche), dirigé par le ministre de la Défense sortant Ehud Barak, de rejoindre son gouvernement.
Le leader de la droite a déclaré au président devant la presse que, bien qu'il pouvait déjà constituer un gouvernement, ce délai était cependant "nécessaire pour parvenir à un gouvernement d'union nationale".
"La formation d'un tel gouvernement me paraît encore plus indispensable suite aux nombreux entretiens que j'ai eus avec l'état major et les responsables économiques du pays", a poursuivi M. Netanyahu.
Il a souligné les "graves menaces" sécuritaires auxquelles Israël fait face ainsi qu'à une "crise économique", en allusion à la montée du chômage liée à la crise mondiale.
M. Barak avait exhorté mercredi sa formation à reconsidérer une proposition pour faire partie d'un gouvernement de droite, dans lequel il compte conserver son portefeuille de la Défense.
Il est revenu à la charge jeudi dans une série d'interviews radio-télévisées, affirmant que "l'intérêt supérieur de l'Etat" devait pousser le parti travailliste à entrer dans un gouvernement Netanyahu pour "faire contrepoids à l'extrême droite".
Après les élections du 10 février et la défaite sans précédent des travaillistes qui n'ont fait élire que 13 députés sur 120 et ne sont plus que le quatrième parti israélien, M. Barak avait affirmé vouloir tirer les leçons de ce revers en rejoignant les bancs de l'opposition.
Mais depuis, il a fait volte-face et engagé des discussions avec M. Netanyahu, ne cachant pas sa volonté de participer au gouvernement.
Le congrès travailliste, composé de 1.460 membres, est très divisé sur la question. Il doit trancher mardi lors d'une session extraordinaire.
La ministre sortante de l'Education, Yuli Tamir, qui fait partie des sept députés opposés à Ehud Barak l'a accusé vendredi de "mener le parti travailliste à sa perte" par ambition personnelle, en le poussant à rejoindre un gouvernement de droite qui, selon elle, bloquera toute possibilité de relance du processus de paix.
Le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot ironisait vendredi sur "l'idylle" entre MM. Netanyahu et Barak, estimant tout "naturel" que le dirigeant travailliste ne se résigne pas à "végéter dans les rangs de l'opposition".
"On peut seulement le critiquer sur un point: des gens désespérés (comme Barak) sont dangereux pour eux mêmes et pour les autres", relève le journal.
M. Netanyahu dispose d'ores et déjà de la majorité absolue au Parlement grâce à l'appui des formations religieuses et d'extrême droite, mais préfère un gouvernement élargi comprenant au moins les travaillistes.
Le parti centriste Kadima, dirigé par la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a pour l'heure écarté toute participation au gouvernement.
Selon le délai imparti par la loi, M. Netanyahu doit former son gouvernement d'ici le 3 avril, après avoir épuisé un premier délai de 28 jours qui expire dimanche.
Incidemment, ce nouveau délai permettra au gouvernement sortant d'Ehud Olmert de poursuivre des négociations indirectes, jusqu'à présent infructueuses, avec le mouvement islamiste Hamas sur un échange de prisonniers, ce qui permettrait la libération du soldat Gilad Shalit, enlevé en juin 2006 à la lisière de la bande de Gaza.