À la veille de manifestations rivales, le gouvernement égyptien a chargé l'armée par décret, lundi, de maintenir la sécurité du pays et lui a octroyé le droit d'arrêter les civils jusqu'au référendum constitutionnel prévu samedi 15 décembre.
Le retrait, samedi, par le président Morsi du décret controversé qui lui avait accordé d'importants pouvoirs, n'a pas réussi à calmer ses opposants. Ces derniers estiment que le président aggrave la crise en Égypte en refusant de reporter le vote sur un projet de Constitution mis au point par les islamistes. Pour assurer la sécurité du pays, le président égyptien a toutefois demandé à ce que l’armée prenne en charge la sécurité du pays.
Morsi délègue la sécurité du pays à l’armée jusqu’au résultat du référendum
Mohamed Morsi a accordé à l'armée le pouvoir d'arrêter des civils, en lui demandant d'assurer la sécurité jusqu'à l'annonce du résultat d'un référendum contesté, dans un décret prenant effet lundi.
Cette décision intervient à la veille de manifestations rivales des forces islamistes et de l'opposition libérale et de gauche, les unes pour appuyer ce référendum prévu samedi, les autres pour exiger son annulation.
"Les forces armées appuient les services de police en complète coopération avec elles pour préserver la sécurité et protéger les installations vitales de l'État, pour une période temporaire jusqu'à l'annonce du résultat du référendum sur la Constitution", selon le texte de ce décret.
En juin, le ministère égyptien de la Justice avait rendu à la police militaire et aux officiers des renseignements de l'armée le pouvoir d'arrêter des civils, une prérogative dont ils ne disposaient plus depuis l'expiration fin mai de l'état d'urgence.
La mesure devait durer jusqu'à l'élaboration d'une nouvelle Constitution mais le tribunal administratif du Caire l'a suspendue le 26 juin, après avoir examiné les recours déposés par 17 organisations de défense des droits civiques qui estimaient que ces prérogatives accordées à l'armée étaient assimilables à une forme de loi martiale.
Les militaires ont été accusés de nombreuses violations des droits de l'Homme et d'avoir jugé des milliers de civils devant des tribunaux militaires pendant leurs 16 mois au pouvoir.
Pro et anti-Morsi ne désarment pas
Islamistes égyptiens et opposition de gauche et libérale ont appelé à manifester mardi, les premiers pour soutenir et les seconds pour rejeter le référendum du 15 décembre sur le projet de Constitution, faisant craindre de nouveaux affrontements.
Cet appel est intervenu quelques minutes après que le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, a appelé, lui aussi, à des rassemblements mardi. "Le Front appelle à manifester dans la capitale et dans les provinces mardi en signe de refus de la décision du président", a expliqué le FSN dans un communiqué.
"Nous sommes contre ce processus du début à la fin", a déclaré Hussein Abdel Ghani, porte-parole du Front de salut national (FSN), qui regroupe une grande partie de l'opposition, lors d'une conférence de presse.
FRANCE 24 avec dépêches