logo

Nouvelle flambée de violence à Belfast après la visite d'Hillary Clinton

Belfast a connu une nouvelle nuit de heurts entre loyalistes pro-britanniques et forces de l’ordre. En visite officielle, la secrétaire d'État américaine a appelé à poursuivre le travail de réconciliation.

"Il ne peut y avoir aucune place pour la violence en Irlande du Nord, tout vestige du passé doit être rapidement et clairement condamné". Les mots de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, lors de son déplacement à Belfast, vendredi 7 décembre, sont manifestement restés vains. Dans la nuit de vendredi à samedi, le centre de la capitale nord-irlandaise s’est de nouveau enflammé. Huit policiers ont été blessés dans des affrontements avec des loyalistes, qui prônent le maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.

Dans la nuit, plusieurs dizaines de jeunes, brandissant l’Union Jack, ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les policiers. Les émeutes se sont propagées dans plusieurs quartiers de la ville. Sept personnes ont été arrêtées, dont un enfant de 13 ans, selon les forces de l’ordre.

Mike Nesbitt, leader du Parti unioniste d'Ulster, parti pro-britannique, a exhorté les manifestants loyalistes à mettre un terme aux violences. "Toute personne qui attaque un policier, toute personne qui participe aux émeutes, toute personne qui prend part à des manifestations illégales, ne respecte pas les valeurs du drapeau britannique. Arrêtez maintenant. Vous êtes en train de perdre la bataille", a-t-il déclaré en milieu de journée samedi.

Quatre jours auparavant, une manifestation de loyalistes protestants avait tourné à l’émeute dans le centre-ville de Belfast. Une quinzaine de policiers avaient été blessés. Motif de la colère des manifestants : la décision du conseil municipal de la ville de ne plus faire flotter que 17 jours par an le drapeau britannique sur la façade de l’Hôtel de Ville et de plusieurs bâtiments gouvernementaux.

Regain de tension en Irlande du Nord

L’Union Jack a donc été enlevé dès mardi matin de la mairie. Depuis, les loyalistes organisent tous les soirs des manifestations dans villes d’Irlande du Nord et ont planifié ce samedi, l’un des jours les plus fréquentés de l’année, un gigantesque rassemblement à Belfast. La polémique autour du drapeau britannique a visiblement accentué les tensions dans la région ces derniers jours. Deux bombes ont ainsi été retrouvées vendredi, juste avant l’arrivée d’Hillary Clinton. Selon les enquêteurs, les deux engins explosifs auraient été déposés par des républicains dissidents, favorables au rattachement de l’Irlande du Nord à la République d’Irlande, et opposés au processus de paix.

Par ailleurs, quatre personnes en possession d’un lance-roquettes et de mortiers capables de détruire des véhicules blindés, ont été arrêtées jeudi soir près de Londonderry, selon une information du quotidien britannique The Guardian. Les hommes, des dissidents républicains, selon la police nord-irlandaise, projetaient de tuer des policiers. "C’est clairement inquiétant, a déclaré le numéro deux de la police en Irlande du Nord, Stephen Martin, cité par The Guardian. Ce dispositif a été mis en place dans le seul et unique objectif : celui de tuer."

"Le travail de paix n’est pas terminé"

Vendredi, Hillary Clinton a fermement condamné ces actes. "Ces violences sont le fait d’une petite minorité de gens qui essaie d’attiser les passions et les émotions. C’est inacceptable et cela doit être désavoué par tous", a commenté la secrétaire d’État américaine au cours d’une conférence de presse commune avec le chef du gouvernement nord-irlandais, Peter Robinson, et son adjoint, l’ancien chef de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), Martin McGuiness.

"Nous avons vu cette semaine que le travail [de paix, NDLR] n’était pas encore terminé parce que nous avons assisté à une nouvelle éruption de violence. La violence nous rappelle que, même si beaucoup de progrès ont été réalisés, le travail de réconciliation et de compréhension mutuelle doit se poursuivre", a-t-elle ajouté.

Selon nombre d'analystes et officiels, les violences de ces derniers jours ne sont pas liées à la visite d’Hillary Clinton dans la province britannique semi-autonome. Une visite hautement symbolique - il s'agit de la deuxième en trois ans - au vu des succès diplomatiques remportés dans la région par l'administration américaine sous Bill Clinton. Les accords dits du Vendredi Saint, les accords de paix conclus en 1998, ont ainsi mis fin à trois décennies de conflit en Irlande du Nord, au cours desquelles quelque 3 500 personnes ont trouvé la mort. Cependant, les tensions intercommunautaires entre catholiques et protestants restent vives et des violences sporadiques persistent.