Le président palestinien Mahmoud Abbas a été accueilli en héros dimanche à Ramallah, en Cisjordanie, à son retour de New York où l'ONU a octroyé le statut d'État observateur à la Palestine. Israël multiplie de son côté les mesures de représailles.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a été ovationné dimanche par des milliers de partisans à Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, à son retour des Nations unies à New York où le statut d'Etat observateur a été octroyé à la Palestine.
"Maintenant, nous avons un Etat. La Palestine a réussi quelque chose d'historique aux Nations unies", a déclaré M. Abbas devant des milliers de partisans réunis à la Mouqataa, le complexe de la présidence palestinienne à Ramallah, a constaté l'AFP.
itAbbas a été salué par une foule de dignitaires palestiniens à sa descente de voiture à la Mouqataa, la présidence palestinienne, a constaté l'AFP.
"Je suis venu saluer le président Abbas après son succès aux Nations unies. Il a fait de nous un Etat reconnu (par les Nations unies), même si nous ne sommes pas encore membre à part entière", s'est réjoui Ossama Abou Hiyja, 27 ans, venu de Jénine, dans la nord de la Cisjordanie.
Dans la foule, les manifestants brandissaient des drapeaux nationaux palestiniens et des portraits de M. Abbas.
Israël bloque l'argent dû aux Palestiniens
Le gouvernement israélien a annoncé dimanche qu'il bloquait le transfert des taxes collectées par Israël au profit de l'Autorité palestinienne à la suite de l'octroi du statut d'Etat observateur à l'ONU à la Palestine.
Le ministre des Finances Youval Steinitz a annoncé, au début du conseil des ministres hebdomadaire, que 460 millions de shekels (environ 92 millions d'euros) qui devaient être transférés ce mois-ci seraient bloqués, ont précisé les médias israéliens.
"Nous avons dit dès le début que le rehaussement du statut de la Palestine à l'ONU ne se produirait pas sans réaction de la part d'Israël", a déclaré M. Steinitz, dans des propos rapportés par la radio publique.
Cette mesure de rétorsion israélienne a aussitôt été dénoncée par les conseillers de Mahmoud Abbas, qui y voient une volonté de torpiller la victoire diplomatique palestinienne.
"Les conseillers parlent d’un acte de piraterie qui va à l’encontre du droit international, et de la volonté internationale de reconnaitre la Palestine, cet État non-membre observateur, sur les lignes de 1967", affirme Gallagher Fenwick, envoyé spécial de FRANCE24 à Ramallah.
Construction de logements supplémentaires dans les colonies
Par ailleurs, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a confirmé l'intention du gouvernement de construire 3.000 logements supplémentaires en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée en représailles à la démarche palestinienne à l'ONU.
Les constructions prévues concernent notamment la zone E1, particulièrement controversée, entre Jérusalem et la colonie de Maalé Adoumim, où Israël s'était engagé à ne pas bâtir auprès des Etats-Unis.
Le projet de rattachement de Maalé Adoumim aux quartiers de colonisation de Jérusalem-Est compromet la viabilité d'un futur Etat palestinien en coupant la Cisjordanie en deux.
L'annonce des constructions, en particulier dans la zone E1, a suscité une vague de critiques dans la presse israélienne dimanche, de nombreux commentateurs soulignant qu'elle constituait une "gifle" à l'égard de Washington.
"Ce qui est particulièrement surprenant c'est la violation par Israël de son engagement auprès des Etats-Unis de ne pas construire dans la zone E1, sachant qu'une telle construction empêcherait l'établissement d'un Etat palestinien en Cisjordanie. Après que les Etats-Unis ont été pratiquement les seuls à défendre la cause d'Israël aux Nations unies, Israël les récompense avec une retentissante claque dans la figure", peut-on lire dans le quotidien Haaretz (gauche).
Même le quotidien Maariv, marqué à droite, prend ses distances avec la décision gouvernementale.
"Jeudi dernier, Abou Mazen (le surnom de Mahmoud Abbas) a prononcé un discours de haine qui constituait une claque dans la figure de tous ceux qui l'avaient soutenu", souligne son éditorialiste Ben-Dror Yemini.
Et d'ajouter: "Maintenant le gouvernement israélien a retourné la situation avec sa décision de construire des milliers de logements dans une zone extrêmement controversée afin de montrer au monde que ce n'est pas Abou Mazen qui lui crache à la figure mais Israël".