Malgré l'accord conclu entre le gouvernement et ArcelorMittal pour sauver le site de Florange (Moselle) et en dépit de l'éloignement de la menace d'un plan social, les syndicats s'estiment déçus. Ils doutent de l'engagement du sidérurgiste.
Ils ont accueilli la nouvelle avec scepticisme. Le compromis trouvé entre ArcelorMittal et le gouvernement français vendredi soir pour préserver l'emploi à Florange (Moselle) n’a pas vraiment enthousiasmé les syndicats du site qui doutent de l’engagement du géant de la sidérurgie.
Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a jugé samedi avoir trouvé un "bon accord" avec le gouvernement français sur l'avenir du site de Florange, en confirmant la plupart des annonces du gouvernement, mais en restant silencieux sur le futur des hauts-fourneaux proprement dits.
"Il est positif que nous soyons parvenus à un accord sur l'avenir de nos activités à Florange. Dans le cadre de l'environnement économique actuel, il s'agit d'un bon accord", a commenté Henri Blaffart, le patron de la branche aciers plats en Europe.
Source: AFP
Après d’âpres négociations, le leader mondial de l'acier a pourtant promis à la France de préserver l'emploi à Florange et d’investir 180 millions d'euros en cinq ans dans le site, selon le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Exit la menace d’une vague de licenciements. Sur le papier du moins. Les 629 emplois concernés par une possible fermeture des hauts fourneaux de Florange devraient être sauvés. L'entreprise dirigée par le milliardaire indo-britannique Lakshmi Mittal a expliqué que les réductions d'effectifs s'opéreraient au fil des mois, mais sans licenciements secs, ni mobilité forcée."Il n'y aura pas de plan social à Florange", a fermement ajouté Jean-Marc Ayrault qui a également salué l'action du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, en première ligne dans le dossier. "Ces avancées ont été obtenues grâce à la pression des salariés et à la mobilisation de l'ensemble des ministres concernés, particulièrement Arnaud Montebourg".
Mais la méfiance règne. "Les rénovations et les investissements, c'est maintenant que nous les voulons, pas dans cinq ans. Nous exigeons que les travaux de rénovation démarrent tout de suite", a lancé Édouard Martin, l’emblématique représentant de la CFDT de Florange, qui estime que les salariés ont été "une nouvelle fois trahis".
"On nous a fait croire que la nationalisation temporaire était acquise"
Il faut dire que le numéro un mondial de la sidérurgie ne s’attire ni la sympathie ni la confiance des salariés du secteur depuis la fermeture – très médiatisée – le 31 mars 2009, de l'aciérie de Gandrange, qui avait entraîné la suppression de 571 emplois.
De fait, certains salariés cachent mal leur déception de ne pas voir le site de Florange nationalisé, une solution qu'avait brandie Arnaud Montebourg - et qui avait rallié une bonne partie de la classe politique à gauche comme à droite. "Jusqu'à la dernière minute quasiment, on nous a fait croire que la nationalisation temporaire était acquise. On n'a pas compris du tout ce pataquès de dernière minute où Jean-Marc Ayrault a annoncé une piste qui n'avait jamais été évoquée", a lâché Edouard Martin sur RTL.
"On aurait aimé qu'on arrête de nous rouler dans la farine (...). J'ai l'impression qu'on nous a menti tout au long", a-t-il ajouté. Plus conciliant, le responsable de la fédération de la métallurgie de Force ouvrière (FO) Frédéric Souillot, s’estime de son côté "satisfait" du compromis trouvé, tout en espérant que ces négociations ne soient pas de la "poudre aux yeux".
"Si Mittal ne tient pas ses engagements, il y a des moyens de pression"
Face à cette déception ou cette prudence, le gouvernement tente de rassurer. "Les moyens de pression ne disparaissent pas avec cette annonce. S'il [Mittal] se comportait comme un homme qui ne respecte pas sa parole, il y a des moyens de pression", a-t-on prévenu à l'Élysée. Si Lakshmi Mittal ne tenait pas ses engagements, "d’autres alternatives toujours prêtes à intervenir, seraient promues par le gouvernement", a ajouté Michel Sapin, le ministre du Travail, avant de jouer la carte de l’empathie avec les employés dubitatifs.
it"Compte tenu des antécédents, de ce que les salariés ont pu connaître, des batailles qu'ils ont menées et que Mittal leur a volées en ne tenant pas ses promesses, oui nous serons extrêmement attentifs, jour après jour, à ce que les engagements fermes et inconditionnels soient tenus par Mittal", a déclaré le ministre sur Europe 1 avant d’appeler les salariés à "reprendre confiance".