
Dans un rapport sur la situation des Roms en France, Amnesty International dénonce le "rythme alarmant" des évacuations forcées de camps et les conséquences désastreuses sur la santé des Roms. Reportage près de Nantes.
Dans ce camp de Roms situé près de Nantes, en Loire-Atlantique, l’expulsion est imminente. Une situation particulièrement difficile pour l'une des familles qui vit ici, car le fils doit être opéré régulièrement de l'œsophage. "On a déjà manqué deux fois des consultations médicales importantes à cause des expulsions, raconte la mère de famille, Insula. On a expliqué à la police qu'on avait un rendez-vous très important, qu'on ne pouvait pas le manquer. Mais ils s’en moquent."
Les expulsions forcées compliquent considérablement l’accès aux soins, constate Fanny Caron-Bordeianu, médiatrice pour Médecins du Monde. "Il faut cesser ces expulsions qui mettent la santé de ces gens en danger", explique-t-elle.
Un constat partagé par Amnesty International, qui a publié, jeudi 29 novembre, un rapport intitulé "Chassés de toutes parts". L'organisation, qui a réalisé plusieurs enquêtes de terrain en Ile-de-France, où vivent près de la moitié des 15 000 Roms de France, dénonce le "rythme alarmant" auquel se poursuivent les expulsions forcées malgré l'arrivée d'une nouvelle majorité à la tête de l'État.
5 000 personnes expulsées de leur camps au 3e trimestre
D'après des chiffres recueillis par les associations, un pic d'expulsions a été constaté au troisième trimestre où près de 5 000 personnes ont été expulsées de leur camps, ajoute Marion Cadier, chercheuse pour Amnesty qui a participé à la rédaction du rapport. L’ONG exige l’arrêt immédiat de ces expulsions, qu'elle juge illégales au regard du droit international.
L'organisation pointe du doigt les conséquences désastreuses des expulsions forcées sur la santé des Roms, notamment un manque de consultation et d'information des populations concernées avant leur expulsion, un délai de préavis insuffisant ainsi que des difficultés d'accès aux recours.
Légalement, les Roms ont pourtant droit à l'aide médicale d'État. Au CHU de Nantes, un service gratuit est dédié aux personnes précaires, comme les SDF, les sans-papiers et les Roms. Lavia, qui est Rom, est venue faire examiner son bébé âgé de deux mois. Une exception, note le médecin Adeline Scanvion, car le plus souvent, les Roms tardent avant de consulter. "Ils présentent souvent des pathologies plus évoluées que la population générale, parce qu'ils ne se sont pas fait soigner ou qu'ils attendent trop longtemps avant de venir", explique-t-elle.