![Les habitants de Ramallah attendent le vote de l’ONU sans grand enthousiasme Les habitants de Ramallah attendent le vote de l’ONU sans grand enthousiasme](/data/posts/2022/07/17/1658078537_Les-habitants-de-Ramallah-attendent-le-vote-de-l-ONU-sans-grand-enthousiasme.jpg)
Alors qu’une résolution accordant aux Territoires palestiniens le rang d’État observateur devrait être votée jeudi à l’ONU, la population palestinienne reste réservée sur cette initiative diplomatique. Le reportage à Ramallah de notre correspondant.
Le fauteuil géant aux couleurs de l’ONU qui symbolisait les aspirations palestiniennes de reconnaissance internationale a disparu depuis longtemps de la place al-Manara à Ramallah, en Cisjordanie. Seules quelques affiches discrètes viennent rappeler que la Palestine est sur le point de franchir un nouveau seuil dans sa marche vers un État indépendant.
À Ramallah comme à New York, le président palestinien a revu ses objectifs à la baisse. Un peu plus d’un an après l’échec de sa demande d’adhésion à l’ONU, Mahmoud Abbas devrait obtenir de l’Assemblée générale des Nations unies un statut d’État observateur non membre.
Le projet de résolution, qui appelle à une reprise des négociations israélo-palestiniennes et à la création d’un État de Palestine sur la base des frontières d’avant 1967, ne fait pas l’unanimité dans les rues de Ramallah.
"Cette terre a toujours été la notre, des gens sont venus et nous l’ont prise", explique à FRANCE 24 Ahmed Rannam, un étudiant en informatique, en évoquant l’exode forcé des Palestiniens au moment de la création d’Israël en 1948. "Donc, nous ne voulons pas en récupérer qu'un petit bout. Or, avec cette démarche, on va ne nous laisser que 22 % de ce qui est à nous historiquement", déplore-t-il.
Mesures de rétorsion
Les lointaines avancées diplomatiques de Mahmoud Abbas - soutenues par le mouvement islamiste Hamas - ne passionnent guère les foules palestiniennes à Ramallah, où personne ne s’attend à ce que le vote de l’Assemblée générale de l’ONU ne mette fin à l’occupation israélienne.
D’autant que l’État hébreu a menacé un temps d’asphyxier économiquement le gouvernement de Mahmoud Abbas en bloquant les taxes perçues pour le compte de l’Autorité palestinienne. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, avait même appellé dans un document d’orientation politique à "renverser" le régime de Mahmoud Abbas en cas de succès de la demande d’élévation du statut de la Palestine à l’ONU. Jeudi 29 novembre, le gouvernement israélien a pourtant assuré qu'il ne procédera à aucune mesure de rétorsion à l'encontre de l'Autorité palestinienne.
Reste que la population palestinienne ne voit pas bien ce qu’elle a à gagner dans ce bras de fer onusien. Des responsables palestiniens ont évoqué par le passé la possibilité de poursuivre l’État hébreu devant la Cour pénale internationale (CPI) afin de contraindre Israël à respecter le droit international et cesser la construction de colonies juives dans les Territoires palestiniens.
Mais ces menaces ont été mises en sourdine à l’approche du vote afin de remporter un maximum de soutien parmi les 193 États membres de l’ONU qui se prononceront lors de l’Assemblée générale de l’ONU de jeudi. "Pour l’instant, les officiels palestiniens restent évasifs sur un sujet sensible, celui des l’usage qu’ils feront éventuellement des différentes agences comme la CPI, auxquelles ils auront accès une fois qu’ils auront obtenu un nouveau statut pour la Palestine au Nations unies", précise le correspondant de FRANCE 24 à Ramallah, Gallagher Fenwick.